À l’origine, pour évoquer la circulation des fans au sein des univers transmédia, il s’agissait surtout de percevoir quels éléments allaient favoriser ou non leurs trajectoires. Entre le manga et le comics, la situation s’est avérée radicalement différente malgré des modèles d’apparence très proches. L’implication du fan induit des dynamiques officieuses supplémentaires dans les expériences transmédia. Une participation qui s’illustre principalement par de la création de contenus ou de communautés. Si ces conséquences sont plutôt positives, elles suggèrent surtout que le fan peut, par ses propres actions, agir sur les trajectoires des autres fans.

Ça sera le propos de cette dernière partie où le fan sera un acteur pour le meilleur comme pour le pire. Entre élitisme et sexisme, certaines communautés ou médiums se ferment à des publics et en réduisent volontairement l’accessibilité. Mais ici on aime les Happy End, donc autant terminer par comment les fans finissent, de toute façon, par trouver leur voie. Autrement, et toujours à l’aide du transmédia.

Cet article fait partie d’une série sur les stratégies transmédia au sein de la pop culture. Vous pouvez consulter ce préambule pour plus d’informations et retrouver l’intégralité des articles à cet endroit.


Un élitisme amenant au gatekeeping

Parmi les éléments pouvant limiter la circulation des fans d’un médium à un autre au sein d’une licence transmédia, il était surtout attendu d’entendre des raisons pratiques (prix élevés) ou éditoriales (manque de clarté de l’offre). Ce qui l’était moins, c’est l’évocation des autres fans et de communautés comme contraignantes pour accéder à certains médiums.

Durant mon enquête, c’est Tessa (25 ans) qui aborde une première fois ce point. Elle explique trouver « que la communauté autour des comics reste assez fermée au public », à l’inverse de celles dédiées aux manga. Point de vue partagé par Indiana (33 ans) qui met en cause l’absence d’une « explosion de la communauté » à l’inverse de ce qu’ont connu les mangas. La communauté comics serait ainsi « laissée un peu sur la touche en terme d’expansion », l’amenant à se « renfermer sur elle-même ». Dans cette vidéo1, le vidéaste « Original Comics » brosse un portrait particulièrement niché du lecteur de comics, un public « vieillissant » et de « passionné qui vit son truc ». Ses formules « les lecteurs (de comics), ce sont ceux qui sont restés » et « Nous sommes un petit monde, fidèle » induisent cette image du fan déterminé et résistant, attaché à sa passion depuis longtemps. Un renfermement sur soi-même qui n’est pas exclusif aux comics, comme en témoigne Fabien (26 ans) en évoquant ses expériences sur les réseaux sociaux :

« Sur Twitter, j’ai arrêté de suivre plusieurs personnes qui parlaient de leurs lectures parce qu’ils étaient trop enfermés dans une certaine bulle, à dire “tu dois lire ce manga-là“ “si tu n’as pas vu ça ce n’est pas bien“ “oh t’as pas aimé ça alors tu es nul“ »

Fabien, 26 ans
Individu adepte du gatekeeping (image d’illustration)

Depuis il « préfère découvrir de nouvelles lectures par lui-même ». Une conséquence d’un « élitisme » déploré par Fabien. Dans les deux cas, cette idée implique avant tout un jugement du savoir des fans avec une volonté de valoriser des connaissances tout en repoussant ceux qui ne les possèdent pas. Il sera ainsi reproché au nouveau fan de ne pas connaitre les « classiques » que les anciens fans maitrisent déjà, et ont justement décidé quelles œuvres sont ces classiques. Ce phénomène se remarque particulièrement à l’émergence d’une nouvelle génération de fans (non seulement ceux plus jeunes, mais également ceux découvrant sur le tard un nouveau médium). La dynamique n’est pas de proposer à cette nouvelle génération de découvrir les classiques et donc de favoriser son inclusion à la communauté, mais au contraire de la repousser.

Ce contrôle de l’émergence de nouveaux fans s’apparente au phénomène de « gatekeeping », littéralement « gardien de la porte ». Un comportement consistant à contrôler l’accès à un médium, ou du moins à sa communauté, à de potentiels nouveaux fans. Cette garde s’effectue par un contrôle des connaissances et de leur accessibilité, prévenant un loisir de devenir « mainstream ». Ici, il se traduit par des communautés renfermées et élitistes face auxquelles il est nécessaire de remplir certaines conditions (de connaissances, d’implications…).

Ce comportement s’explique principalement par l’identité de l’ancien fan qui se voit complètement chamboulée par cette nouvelle vague de passionnés. David Peyron expliquait comment le geek s’est construit une identité par la mise à l’écart du grand public avec une approche spécifique de celui-ci2 :

« Explorer des mondes pour se construire une identité implique d’abord une différentiation du grand public, qui certes peut aimer ou au moins connaître l’œuvre mais qui ne sera jamais allé aussi loin qu’un « vrai » geek dans son exploration. Analyser et compiler chaque détail a toujours pour but de trouver cet optimum de singularisation de l’individu face à la masse de ceux qui « ne comprennent pas vraiment » et permettent de tracer les frontières du « eux » et du « nous ». »

David Peyron dans “Les mondes transmédiatiques, un enjeu identitaire de la culture geek

L’enjeu identitaire est similaire pour les fans de comics et de mangas, longtemps réduits à un public marginalisé à la manière du geek. Ces publics ont construit leur propre espace médiatique composé de leurs propres valorisations. L’émergence de grosses licences transmédia ont permises à ces cultures (mangas comme comics) de prendre leur « revanche » en passant d’un loisir de niche à un divertissement de masses.

Mais ce chamboulement portant la réception de ces œuvres et mondes fictifs à un public autrement plus large bouleverse totalement les codes établis jusqu’à présent par les communautés déjà en place. Cette réaction repoussoir peut alors s’expliquer par une volonté de « protéger » la culture déjà en place, avec une crainte du fan d’en être dépossédé en la voyant appréciée autrement que par sa manière. Il y a une rupture entre la frontière mise en place par les fans comme par la société qui vient brouiller les réceptions. Émerge alors cette envie de distinguer le “vrai fan“, celui qui “était là avant“.

Une logique qui ne tient pas puisqu’elle insinuerait que les anciens fans avaient des connaissances innées, alors que leur passion a évidemment débuté par leur acquisition. Ce qui n’est pas étonnant, ce comportement étant davantage là pour permettre de se distinguer de la masse de nouveaux fans issus du grand public et de continuer de faire partie d’une marge. Une position marginale qui se traduit ici par la création d’un élitisme en se plaçant « au-dessus » car possédant plus de connaissances, d’expériences ou de possessions matérielles, avec là encore des valorisations diverses et arbitraires (diversité de la collection, exhaustivité…). Ces comportements installent, ou au moins induisent, un dénigrement systématique des nouveaux fans, qualifiés ou perçus de « faux fans » comme avec l’émergence d’un nouveau public pour les animes via leur émergence sur Netflix3.


Être femme et fan, entre soupçon sexiste et invisibilisation des pratiques

Distinction et élitisme ne sont pas les seules motivations pouvant provoquer du gatekeeping chez les fans. Une autre, plus spécifique, a également été rapportée à plusieurs reprises durant mon enquête par rapport à la question du genre. Sans surprise, être une femme dans une communauté de fans n’est pas évident et peut causer des heurts à leurs trajectoires de fans, comme en témoigne Tessa :

« Malheureusement, aujourd’hui, il y a encore énormément le fait qu’être une fille nous obligera à davantage justifier notre présence dans cet environnement-là (ndr : la communauté de comics). C’est épuisant parce que je veux juste découvrir ces univers, et je me retrouve dans cette mer sans savoir nager encore. Je voulais me renseigner plus et on me ferme la porte au nez, c’était assez gênant. »

Tessa, 25 ans

Un comportement qui « n’encourage pas à l’interaction » avec ces communautés. Si ça ne l’a pas empêchée de poursuivre dans sa passion des comics, cela a tout de même eu des incidences sur son appréhension de cette culture. Elle s’est délibérément « isolée » des autres fans, ce qui a pu la priver « d’histoires et d’univers intéressants car quelques personnes avaient décidé que je ne suis pas fan », explique-t-elle. Ce qui devenait « épuisant » pour échanger, puisqu’elle devait alors « prendre d’immenses pincettes » à chaque reprise. Une limitation également dans ses pratiques de fan, elle qui aime écrire et dessiner mais « ne va jamais le publier en ligne pour ne pas se heurter à ce mur ». Ce sexisme ambiant dans les communautés comics est également ressenti par Sara (28 ans) auprès des fans de manga. Elle estime que les avis les plus partagés sont généralement « très masculins, très hétérosexuels » tandis que le public féminin, s’il est présent et actif, reste « dans un cercle écarté du reste qui n’interagissent pas » avec les autres fans. Un phénomène qui se traduit aussi plus globalement à la réception de certains produits culturels, comme l’exemple du bashing « sans aucunes justifications » envers le film Birds of Prey (2020) relevé par Indiana (33 ans). Toujours dans les comics, il pointait également l’absence de catégories éditoriales destinées à un public féminin, à l’inverse du shojo dans le manga qui permet alors d’inclure ce public, « même si ça reste réducteur ».

A Sign of Affection, Suu Morishita

Le phénomène est ni nouveau ni inconnu. Le monde du jeu-vidéo a déjà eu le GamerGate pour rendre compte de ce sexisme massif dans ses communautés. Pour le manga, c’est par la stigmatisation systématique du shojo que cette misogynie se perçoit le plus. Déjà en 2011, Christine Détrez l’illustrait par une enquête4 sur les représentations des catégories éditoriales de mangas chez les adolescents. Si le shonen et le seinen se voient caractériser par des attributs virilistes (force brute, violence, psychologie complexes et sombres, invisibilisation des sentiments), le shojo est pointé avec un dégoût prononcé chez certains, jusqu’à même être mis à distance par son propre lectorat.

Cette stigmatisation du public féminin conduit d’emblée à le marginaliser voire l’invisibiliser. Jusqu’à mener à une auto-censure comme avec Tessa. Ce phénomène se retrouve aussi dans d’autres secteurs culturels5 où la pratique féminine est dévalorisée par ses pratiquantes elles-mêmes, quand bien même elles font preuve d’un savoir et d’un partage communautaire évident. De même, la femme fan doit justifier d’être une « vraie » fan et de ses intentions au sein de la communauté. Cette justification induit d’emblée un soupçon de tromperie, que la présence d’une femme dans ce milieu est anormal. Le tout porté par un fond anciennement ancré qu’une femme s’intéressant aux comics ou aux mangas le fait pour « plaire aux mecs » plutôt que par intérêt personnel sincère. Un procès d’intention qui se double d’une méfiance avec une volonté de contrôler et généralement réprouver les pratiques des femmes fans et leur seule présence dans ces communautés. « La meilleure façon d’être sûr qu’une femme ne soit pas fausse est de s’assurer qu’elle ne soit rien du tout »6 concluait Katie Kadue7 par rapport aux « transvestigators » (des personnes pensant pouvoir estimer si une personne est trans ou non à partir de photos). Une suspicion identique amenant aux mêmes conséquences, invisibiliser ou renier la femme plutôt qu’encourir un risque de se faire tromper par celle-ci. Ce seul soupçon présente déjà une logique misogyne, associant femme et tromperie.

Dans les communautés de fan, cette suspicion sexiste aboutit par la nécessité des femmes à masquer leur pratique, ou du moins leur genre. Préférer la discrétion en ligne ou des communautés plus féminines, possiblement plus restreintes et isolées, mais davantage bienveillantes. Dévaloriser sa propre pratique, pour ne pas s’attacher à une étiquette de fan, permet également d’éviter ces accusations. Mais la conséquence reste la même, la femme, en tant que fan, doit se mettre en retrait et s’effacer pour ne pas subir de jugement sexiste. Si l’accès au médium n’est pas fermé, il est grandement mis à mal et obligera davantage d’efforts au fan pour s’y familiariser.


Le transmédia comme vecteur émancipateur des communautés marginalisées

Que ce soit par élitisme ou sexisme, des dynamiques hostiles peuvent s’installer entre fans et auront des conséquences nettes sur leurs circulations au sein d’une licence transmédia. Mais il n’en sera pas non plus la fin.

Commençons par nuancer les conséquences du gatekeeping qui ne peut être par essence entièrement efficace. Il est impossible, que ce soit pour des individus ou même une communauté, de contrôler tous les canaux par lesquels leur passion peut acquérir de nouveaux fans. Ce d’autant plus quand il s’agit de cultures de massivement populaire comme le sont désormais les mangas ou les comics.

Son impact reste tout de même considérable sur la manière dont les fans vont se constituer en groupes. Dans le cas de Tessa, si elle s’est isolée des autres fans de comics, elle continuait de partager cette passion avec son père qui les lui avait fait découvrir. Le cercle familial ou amical reste un noyau central et presque omniprésent dans les relations entre fans. Durant mon enquête, sur 125 personnes interrogées, 113 ont fait part de la présence d’autres fans dans leur entourage proche (famille et amis) et avec lesquels ils entretiennent des échanges, même occasionnellement, autour de leur passion commune.

Mon histoire d’amour avec Yamada à Lv999

Ces interactions s’inscrivent dans des dynamiques similaires à celles observées sur les réseaux sociaux, comme la discussion de théories (Emma, 27 ans ; Hicham, 21 ans), la recommandation de nouvelles séries (Mathieu, 22 ans ; Juliette, 22 ans) ou encore les contexte de production (Maroan, 28 ans). Il convient alors de rappeler que le gatekeeping est avant tout un phénomène perceptible sur internet, lors d’échanges en lignes notamment. Son implication dans la vie personnelle et surtout « hors-ligne » du fan est finalement très limité.

Il y a toujours une possibilité de « se creuser un petit espace » selon Tessa. C’est ce qu’elle a fait en fréquentant malgré tous des espaces de socialisation de fans (des forums, puis DeviantArt et Tumblr) mais avec un recul protecteur. De même pour les conventions où elle a pu aller malgré tout : « Il y a la communauté et je vais tourner autour ». L’espace créé peut être assez réduit mais permet tout de même l’existence des pratiques du fan. Trajectoire similaire pour Sara (28 ans) qui interagit régulièrement avec d’autres fans mais « pas forcément à grande échelle », privilégiant les groupes plutôt réduits. Elle trouve également des interactions avec une partie du public anglophone de fans de mangas :

« Quand tu es du public féminin, tu trouves plus de personnes avec qui échanger dans le public anglophone. Même si on sent encore une séparation avec le public masculin, on se sent plus à l’aise, alors qu’avec seulement le public francophone, tu peux te sentir plus isolée. »

Sara, 28 ans

Une inscription dans des communautés qui est alors plus longue et complexe, où les acquis (avoir un proche avec qui en parler, pouvoir interagir en anglais…) des fans seront encore plus déterminants pour évoluer dans leur passion. Mais une fois créé, ces espaces peuvent accueillir à leur tour d’autres fans aux profils similaires.

Les marges isolées peuvent ainsi se rassembler et former de nouvelles communautés. C’est le cas de Sara qui s’est créé son propre espace d’expression lié à la licence Free ! sous le nom d’Iwatobi Fr. Présente sur Twitter et Instagram, pour respectivement plus de 900 et de 480 abonnés, elle y partage régulièrement contenus et actualités autour de la franchise. Suivie également par plusieurs professionnels du secteur de l’animation (comme l’éditeur de blu-ray AllTheAnime, le magazine Animeland et le distributeur de films Eurozoom), elle cherche à promouvoir par ce biais cette série qu’elle affectionne particulièrement.

Infographie réalisé par @iwatobi_fr indiquant les différentes productions (séries TV et films) de la saga Free!

Cela passe par de la pédagogie avec la mise à disposition d’une infographie présentant l’intégralité des contenus de la série et leur ordre de visionnage recommandé afin de guider de nouveaux fans. Elle participe également à l’animation de la communauté, comme avec le #IwatobiRewatch où les fans étaient invités à revoir petit à petit la série, chaque mercredi et ce durant plusieurs mois, créant une sorte d’évènement à distance. Une activité qui vise également à palier un « manque » du côté des éditeurs qui alimentent selon elle un « un cercle vicieux avec des genres précis (action, aventure…) qui monopolisent l’espace au détriment des petits titres ». Une aspiration partagée par d’autres comptes comme @FrIdolish7 qui promeut la licence Idolish7 en France, tout en dénonçant l’absence de communication autour de celle-ci par son diffuseur français.

Ces deux licences partagent pour elles d’être principalement destinées à un public féminin, dont nous avions vu la marginalisation systématique. Ces comptes sont alors autant une manière de promouvoir une série et partager une passion que porter leur voix dans les espaces sociaux et médiatiques dont elles sont habituellement rejetées. Il y a une envie de « donner de l’espace » à des licences et contenus peu en vues habituellement. Même phénomène avec les shojo et les josei (là encore du contenu destiné à un public féminin) par le biais du compte @shojosphere (1500 abonnés sur Twitter) qui cherche « à mettre en avant les shojo et les josei ». Depuis 2022-2023, le ton est même monté avec un agacement, voire une colère autrement plus exprimée sur les réseaux sociaux, principalement portée par le hashtag #libérezlesshôjo. Une démarche qui semble parvenir à se faire entendre avec des changements notables dans le traitement de ces catégories éditoriales chez les éditeurs.

Réaction par rapport à l’absence de communication sur la série par la branche française de Crunchyroll, son diffuseur officiel

Ces activités de fans deviennent la source d’une expression alternative, prenant la forme d’un contre-pouvoir visant à bousculer les standards en place. Elles permettent non seulement à des fans de se rassembler dans de nouveaux espaces, mais elles leurs permettent également de faire entendre leur voix. Si l’élitisme et le sexisme poussent à marginaliser certains publics, ils n’en signent pas la fin. Ils imposeront néanmoins à ces fans une trajectoire différente vers leur passion, souvent plus complexe et plus discrète. Une contrainte à laquelle s’oppose tout de même la nature intrinsèquement active du fan qui se créera alors sa propre expérience. Tessa a continué d’apprécier les comics avec son père et à fréquenter des conventions mangas, à sa manière. La communauté shojo s’est mobilisée pour faire voix commune autour de la cause de leurs titres. Un combat qui semble parvenir à faire bouger les lignes. Difficile d’imaginer qu’en 2023 un éditeur puisse traiter avec autant de légèreté le shojo (du moins frontalement) que les années précédentes. Par contre, s’il est bienvenue de saluer la pugnacité de ces fans qui parviennent à adapter leurs pratiques et leur expérience d’une licence ou d’un médium, il n’en reste pas moins nécessaire de conspuer les raisons de leur stigmatisation. Surtout quand celles-ci sont liées à de la discrimination pure et dure (ici avec le sexisme, mais également par racisme ou classisme).

Il reste tout de même agréable de voir comment les fans se sont appropriés, sans doute inconsciemment, les techniques des stratégies transmédia pour faire entendre leur voix. Comme une « réappropriation finale » de ce qui était à l’origine le produit d’une stratégie commerciale définie, reprise pour en faire un outil de rassemblement communautaire et d’expression politique. Le transmédia s’apparente ainsi d’avantage à champ expressif à part entière permettant autant de promouvoir une licence pour vendre des figurines que de partager un univers, rassembler des individus, porter des valeurs… Une conclusion qui semble « boucler la boucle » de notre voyage. Un univers est proposé aux fans qui vont le consommer et se l’approprier, produisant alors du contenu pour d’autres fans et viendra alimenter à son tour ce même univers. Le transmédia est semblable à un bagel (ou un cercle, mais c’est moins gourmand). Il fait preuve d’une grande unicité tout en étant parsemé de contenus officiels et officieux (imaginez des pépites de chocolat) auquel chacun pourra ajouter son glaçage préféré (du sucre glace, miam). Gourmand et généreux, le transmédia s’impose comme un multivers créatif au potentiel infini.

Une conclusion qui ouvre l’appétit (Chacun ses gouts, Marchita)

  1. Original Comics. La vérité sur le Marché des Comics en France ! [en ligne] 2015, disponible sur : https://youtu.be/quEVgReLGYU ↩︎
  2. PEYRON David, « Les mondes transmédiatiques, un enjeu identitaire de la culture geek », Les Enjeux de l’information et de la communication, 2014/2 (n° 15/2), p. 51-61. DOI : 10.3917/enic.017.0051. URL ↩︎
  3. Ermite Moderne. Génération Netflix : faux fans d’anime ? [en ligne] 2019, disponible sur : https://youtu.be/BaB5dYz4f_8 ↩︎
  4. Détrez, Christine. « Des shonens pour les garçons, des shojos pour les filles ? Apprendre son genre en lisant des mangas », Réseaux, vol. 168-169, no. 4-5, 2011, pp. 165-186. ↩︎
  5. Paulo Higgins, « Femmes et Queers : des publics subalternes et cachés du rap français ? », Volume ! En ligne, 17 : 2 | 2020, mis en ligne le 01 janvier 2023, consulté le 29 juillet 2023. URL : http://journals.openedition.org/volume/8621 ; DOI : https://doi.org/10.4000/volume.8621 ↩︎
  6. (The only way to make sure a woman isn’t false is to make sure she’s not anything at all) ↩︎
  7. Katie Kadue. What is a Woman ? A History of paranoid reading [en ligne] 2022, disponible sur : https://www.gawker.com/culture/what-is-a-woman Article découvert par le biais de l’excellente newsletter #Règle30, ici par son édition du 29 mars 2023 ↩︎


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