Je suppose que ça se remarque à mes lectures de prédilection, mais j’adore le fluff. Les histoires faites de tendresse et de douceur. Pas nécessairement dénuées de moments dramatiques, mais qui sont parfaitement contrebalancés par les liens chaleureux de ses personnages. C’est dans cette optique que je m’étais mis de côté I Can’t Say No to the Lonely Girl, un titre dont j’avais eu vent comme étant particulièrement réconfortant.
Une douceur qui demande d’avancer d’abord à tâtons et de lui faire confiance, puisque son entame est plutôt suspicieuse. Il faut dire que son intrigue n’est pas fondée sur le plus sain des tropes. Sa protagoniste, Ayaka, doit s’assurer que sa camarade Sora vienne correctement en cours si elle veut obtenir une recommandation pour l’université de son choix. En face, Sora, consciente d’être employée dans un stratagème intéressé, accepte de s’y tenir à la condition que sa camarade accède chaque jour à une requête de sa part. Bref, je ne sais pas vous, mais moi, j’appelle ça de la manipulation ou du chantage, même si tout le monde utilise un peu tout le monde dans ce contexte.
Heureusement, cette base sert principalement de prétexte à l’intrigue et s’étiole rapidement. Petit à petit, les deux adolescentes se rapprochent et font planer un fond de sincérité dans leur relation artificielle. Déroulement classique qui permet toutefois de sortir assez vite de tout schéma manipulateur pour profiter plutôt d’une relation de confiance et de soutien mutuel tendre et honnête. Ayaka a ainsi tout de la bonne élève sérieuse et gentille, mais se retrouve accablée par l’anxiété sous la pression. Sora cache un profil assez évident de personne en manque cruel d’affection, et que si le procédé de requêtes est perçu comme mesquin, voire « sale », c’est parce que son estime d’elle-même est aussi faible.
Le récit retranscrit à merveille la progression de cette relation avec des élans de sincérité admirables. Il devient alors très plaisant de voir comment chacune aide l’autre à devenir une meilleure version d’elle-même. En matière de romance lycéenne, I Can’t Say No to the Lonely Girl ne réinvente rien, mais fait tout particulièrement bien. Le seul reproche sérieux que je ferai à l’écriture est un certain déséquilibre dans son histoire, avec un semblant de climax vers le tome 4 qui n’est jamais vraiment égalé par la suite.
Du détail, cela dit, surtout au regard de ce que nous permet d’apprécier cette longueur. On profite assez bien de la romance principale, avec un traitement suffisamment complet pour ne pas terminer sur des notes frustrantes. Si l’on passe ainsi par des inquiétudes assez classiques, comme l’avenir d’une relation après le lycée, le titre inclut également certaines problématiques propres aux relations lesbiennes (comme la difficulté de l’annoncer à des proches). À noter l’existence de deux one-shot complémentaires au manga, Marking et Kekkyoku Sonna Kimi Ga Suki. Ce dernier se concentrant sur une romance (un peu trop) secondaire à mon goût, ce qui permet d’en profiter davantage.
Puis il y a tout l’enrobage du titre qui rend l’expérience si douce. Souvent très wholesome dans son approche, I Can’t Say No to the Lonely Girl réconforte ses personnages, mais aussi ses lecteur•ices. Le dessin de Kashikaze ne manque pas de charme non plus, son style joliment épuré faisant une belle emphase sur l’expressivité et la tendresse de ses personnages. Elle est aussi très douée pour traduire les moments de tendresse entre ses héroïnes par son découpage, avec une certaine justesse dans le rythme des cases. Enfin, le titre garde un ton léger avec un humour simple, mais redoutable pour gratifier la lecture d’un immense sourire à la fin de chaque volume.
Du sucre, du sucre et encore du sucre. Ajoutez-y un peu de sucre, et vous obtenez la recette de I Can’t Say No to the Lonely Girl. Il y a bien des poncifs d’écriture rendant le récit un peu passe-partout en apparence (on passe notamment par bien des évènements classiques d’une tranche de vie lycéenne, comme le festival sportif, le voyage scolaire…). Mais le tout est exécuté avec suffisamment de justesse et de talent pour tout de même se démarquer dans les romances lycéennes yuri (et même romcom en général). Et d’offrir, en bout de course, une sacrée lecture tendre et agréable (et dont le conformisme renforce l’aspect réconfortant). À garder pour les périodes moroses, ou simplement pour se délecter à l’excès d’une relation adorable !
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