Cette année, j’ai développé un certain intérêt pour les œuvres de Kuzushiro. Il y a évidemment son manga phare, The Moon on a Rainy Night que j’ai déjà largement évoqué, que ce soit ici sur le blog ou chez IGN. Et j’espère d’ailleurs que son futur anime lui donnera la mise en avant qu’il mérite. Il y a également Ici, on a toujours une raison de sourire, dont la parution semble plus confidentielle. Le ton et les sujets changent, mais le coup de cœur persiste pour cette tranche de vie instructive et chaleureuse, au nom – certes à rallonge1 – tout à fait adéquat.
Prenant cette fois pour thème la création de manga, Kuzushiro nous plonge dans le quotidien de Nana Futami, une mangaka shojo, et de son assistante Hazama Mizuki. C’est par le biais de la jeune carrière de sa protagoniste qu’est mis en scène différentes étapes de production d’un manga, des réunions éditoriales à la conception de la couverture. Tout cela s’intègre de manière assez organique dans un récit davantage porté sur la tranche de vie, avec un fort accent sur la comédie. Le titre n’est ainsi pas aussi didactique qu’un Kakushigoto, que je lis en parallèle, mais reste assez explicatif sur certaines phases créatives et processus éditoriaux.
Il y a donc de quoi être agréablement renseigné par ce que le manga choisit de montrer, surtout qu’il ne se cantonne pas aux aspects les plus matérialistes. Il met de belles emphases sur l’aspect émotionnel de la création, avec certes les angoisses et paniques de sa protagoniste mangaka, mais aussi dans ce que la démarche peut avoir d’épanouissante et d’impulsive. Je suis notamment très curieux de voir ce qu’il sera fait du personnage de l’assistante, Hazama, qui semble avoir abandonné ses ambitions de mangaka, mais dont la frustration semble pourtant toujours présente.
Surtout, c’est l’atmosphère du manga que je préfère. C’est le genre de titre franchement chaleureux qui t’assure de passer un bon moment durant sa lecture. La bienveillance de l’autrice pour ses personnages est omniprésente, même si le titre s’amuse beaucoup (mais gentiment) de la bêtise de sa protagoniste. Elle est tout aussi souvent encouragée et acclamée, faisant que le manga n’est jamais mesquin non plus avec elle. S’il met beaucoup en avant les inquiétudes, déceptions et angoisses liées à la création, il affiche davantage un soutien encourageant pour surmonter ces difficultés.
Puis, il y a les excellentes dynamiques entre les personnages. Elles apportent de la vie au récit en le crédibilisant, avec un bon équilibre entre extravagance de son casting et des attitudes plutôt réalistes. Par exemple, Futami est une héroïne socialement maladroite, mais se remarque comme une mangaka talentueuse et professionnellement responsable avec son entourage. Ses échanges avec son assistante respirent le naturel et, dans l’ensemble, le titre sait proposer une belle variété dans les façons d’interagir de son casting relativement large.
Un point à soulever toutefois, c’est que Ici, on a toujours une raison de sourire a beau faire partie de la collection Yuri de Meian, cet aspect reste encore très discret après quatre tomes. Il y a bien quelques pistes d’évolution dans ce sens qui se démarquent, mais cela ne propose absolument rien de concret pour l’instant. Le manga comptant déjà onze volumes au Japon, nuls doutes que cela peut évoluer par la suite. Simplement que, pour l’instant, ce n’est pas la série la plus riche en romances lesbiennes de la collection.
S’il est assez facile de passer à côté de Ici, on a toujours une raison de sourire, j’espère que cette petite mise en avant aura donné envie à certains de l’essayer ! À noter que lui aussi aura droit à un anime à l’avenir, sans plus d’informations, donc difficile d’estimer quoi en attendre. En attendant, s’il vous faut une lecture pour vous réchauffer le cœur en cette fin d’année, voilà un titre à sérieusement envisager.
- Surtout je chipote, mais le titre VF est surtout une adaptation assez littérale du titre japonais Egao no Taenai Shokuba Desu. S’il me semble un peu trop verbeux, il a le mérite de rester cohérent. ↩︎
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