En tant qu’otaku, je lis évidemment beaucoup de manga. Et je considère de ce fait beaucoup de mes manga comme des œuvres d’art. Mais ce serait oublié que, comme le cinéma, le manga est avant tout un bien de consommation. Et se doit donc de se vendre. Un objet propre à notre société de consommation.

C’est une chose que se permet de nous rappeler doucement Cimoc, le manga dont je vais parler aujourd’hui. S’il s’apparente à être un énième manga construit sur une histoire banale et simpliste propulsée par le fan service, il n’en est rien. Cimoc est un petit concentré de sympathie et de réflexion avec certes des tocs mais beaucoup de bonne volonté !

  1. L’histoire est belle en plus d’être assez intéressante. La narration enchaine agréablement tensions et rires.
  2. Les personnages ont des réactions légèrement clichées ou caricaturées mais c’est rattrapé par le chara design et leurs caractères.
  3. Exprime des idées par rapport au manga dans notre société amenant à y réfléchir sérieusement.
  4. Une utilisation du fan service qui n’est pas abusive et plutôt fun même. Mais surtout correspond à un aspect de l’histoire.

Kôta Inamine débarque à Tokyo pour réaliser son rêve : devenir mangaka. Mais ses premières planches ne sont guère appréciées et ses jobs d’assistant-dessinateur finissent en fiasco. Alors que Kôta plonge dans le désespoir, il apprend que son envahissante voisine est aussi rédactrice en chef d’un magazine de manga ! La roue du destin va-t-elle enfin commencer à tourner pour Kôta ? Deviendra-t-il un grand mangaka ?

Doki Doki

Cimoc ne fait pas dans l’original concernant son histoire et ce dès le départ. Nous sommes en présence d’un personnage classique qui commence au fond du trou mais qui réussira à se ressaisir grâce à une rencontre miraculeuse. Ensuite le scénario a le mérite de ne pas emprunter une route linéaire. Le héros change d’éditions comme de chemise même si ce n’est pas très logique. De surcroit, on commence bien avec un héros d’abord fébrile mais qui sera par la suite soutenu et respecté de tous. Classic.

Malgré ce fait avéré, notre héros – appelons le plus familièrement Kôta – devient rapidement assez séduisant malgré un manque flagrant de charisme qui lui est plus globale au manga. Le jeune mangaka fera rapidement connaissance avec la sympathique Miki. Cette charmante demoiselle est le seul personnage de l’histoire à ne pas avoir d’attrait particulier avec l’univers du manga et cette aliénation va lui permettre d’ajouter de la douceur à un manga dont la narration se veut généralement tendue au possible. Que ce soit pour le suspense ou les révélations, la narration se tend constamment et les personnages d’autant. Le dessin abuse même des groz’yeux. Est-ce que cela rend pour autant la lecture désagréable ? Pas vraiment, tout dépendra en réalité du degré de tolérance de chacun. Et personnellement je trouvais cela pas plus gênant que ça. Surtout que le manga a su jongler habilement entre passages tendus et moments plus légers notamment avec cette chère Miki.

Cette histoire sans grande originalité et mêlé de classiques un peu trop clichés est vécue par des personnages qui sont de la même trempe. Si leurs réactions sont assez clichées par moments (entre autres les groz’yeux) mais il faut leur reconnaitre un minimum de sympathie en eux. Le chara design n’en est pas délaissé avec pas mal de têtes très sympathiques, notamment “la petite” Renée qui est vachement stylée pour un travelo. Soyez compréhensif, le travelo qu’est Dark dans Nanana me laisse encore un gout amer. Ah excusez on me dit dans l’oreillette que non Renée n’est pas un travelo. Bizarrement cette idée persiste en moi.
Ce chara design met en avant, évidemment, les belles formes de toutes nos héroïnes. Ce qui vient au final au problème majeur des dessins de ce manga. Ils sont lourds. Et par “lourds” j’entends que les dessins sont complexes. Il y a beaucoup de moments où on a du mal à s’y retrouver et ce n’est pas vraiment agréable à l’oeil. Les décors sont assez simplistes par ailleurs et n’aident pas à l’organisation de chaque scène. Ajoutez des personnages aux traits pas assez brouillons et bien trop prononcés à mon gout et vous obtenez quelque chose au final d’assez gras.

Après toutes ces remarques positives comme négatives sur Cimoc, que lui reste-t-il ? Et bien des idées. Et des idées très intéressantes. Cimoc est un manga dont l’histoire est basée sur deux grandes idées : le fan-service dans le manga et la place du manga dans la société de consommation.
Commençons par parler de cette place du manga justement. Mlle Sawanoguchi nous met tout de suite dans le coup : le manga c’est un produit de consommation, pas une bête oeuvre d’art. Que dire de ça ? Je n’ai pas les moyens d’affirmer totalement une telle idée mais il est encore moins possible de la contredire. Le système du manga est basé sur un système économique semblable au cinéma (j’exclue la musique qui semble diverger un peu). Une maison d’édition choisit d’éditer certains auteurs dont les projets les séduisent. Et cela marche même pour un auteur déjà édité. Si un projet ne se vend pas alors il n’y aura pas de rentrée d’argent et la maison pourrait, dans les pires situations, faire faillite. Dans ce sens donc oui, le manga est un produit de consommation de masse dont le but premier est de se vendre. Cela n’empêche aucunement à une oeuvre d’être de qualité et cela ne doit en aucun cas nous faire moins apprécier les manga mais que Cimoc nous rappelle doucement cette vérité est tout de même appréciable.
La seconde se rattache un peu à la première puisque le fan-service est typiquement une façon de vendre un manga. Le fan-service est largement utilisé dans Cimoc même si ce n’est pas massivement. On ne peut pas reprocher au manga d’en abuser au point de rompre le rythme et la narration de l’histoire, faisant au passage pour moi du bon fan-serv. Et pour être honnête, il n’en comporte pas autant que ce que l’on croirait. Si les premiers tomes en use massivement, la suite se calme pour le bien du scénario et parasiter au moins la narration.

L’absence de poitrines et de culottes aurait même été un manque impardonnable à ce manga. Pourquoi j’affirme de telles paroles ? Il faut aller au début du second tome pour comprendre. À cet instant, Mlle Sawanoguchi réprimande une énième fois Kôta sur son incapacité à dessiner des filles mignonnes. Par la suite, il résoudra ce problème mais l’idée est là. Un manga se doit d’avoir des personnages avec un physique accrocheur (mignon/beau/stylé/sexy ce que vous voulez) pour aider les ventes. Pensez-vous que l’arc de Fuko dans Clannad aurait eu autant d’impact si Fuko n’était pas aussi mignonne ? Et que dire d’Oreimo où chacun a son personnage préféré car il le trouve que c’est le plus mignon ? Cimoc fait indéniablement le choix des personnages sexy (même si Miki est plutôt mignonne et que Renée est vachement stylé). Alors oui, le fan-service ne doit pas être le seul argument de vente et on pourrait reprocher une certaine facilité par son utilisation mais en même temps cela ne fait que confirmer les idées du manga. Et ne retenir de Cimoc uniquement les boobs et autres pantsu (cliquez sur le lien et cultivez-vous) est une erreur facile. Il y a d’autres choses derrière tout ça. Il y a une belle histoire avec des personnages aux idéaux et chemins différents. On a également affaire avec des personnages très sympathiques qui font tout pour aider Kôta. Donc même si le manga n’a pas d’éclair de génie, il a au moins le mérite de transporter des idées importantes tout an racontant une histoire bien sympathique.

Il serait totalement absurde d’accorder à Cimoc une certaine réussite dans son histoire ou même ses personnages. Ce n’est qu’en fouillant plus profondément dans ce manga que l’on peut y déceler de belles choses. Un peu à la manière de Watamote en fait. Sauf que là Cimoc se réussit totalement dans le boulot du divertissement pur.
Il ne faut le nier, on passe un bon moment à lire ce manga et à suivre l’évolution des personnages. Le fan-service est astucieusement utilisé et n’est pas désagréable dans l’histoire puisqu’il suit un peu les idées de l’histoire et surtout il ne brise jamais la narration, chose très importante. Et franchement, Renée et Miki sont vraiment stylées !
On ressort peut-être de Cimoc avec une fin qui sent quand même le bâclé mais il est indéniable que le manga fait ce qu’il veut faire. Il n’est que ce qu’il prétend être : un manga traçant l’évolution d’un jeune mangaka et surtout en explorant quelques idées relatives au domaine des éditions de manga. Les idées vont assez loin pour s’afficher mais ne prennent pas le risque, peut-être inutile, de s’affirmer pleinement et créer polémique. Lisez Cimoc, vous passerez forcement un bon petit moment dans une histoire simple qui parle de personnages passionnés par la même chose et vous feront observer sous un autre angle l’édition des manga. Ce n’est pas forcement une vérité totale mais il ne faut pas oublier le boulot des assistants dans une oeuvre et surtout qu’un manga doit se vendre. C’est simple et pourtant ça marche très bien !



2 réponses à “Critique – Cimoc : Le doux mariage entre manga et fan-service”

  1. Saurais-tu comment je pourrais lire ce manga alors que je ne le trouve pas en scan et n’ayant PAS DU TOUT d’argent, je ne peux pas l’acheter ?

    1. Bon qu’on se le dise bien : lire en ligne et dl un anime c’est pas bien. Et je te conseille fortement d’acheter au mieux que tu peux manga et anime (en plus les manga c’est pas si cher en moyenne et t’as les occasions et tout).
      Mais bon comme j’ai pu découvrir maintes oeuvres par le scantrad (dont Cimoc justement) et bien je ne te priverai pas de ce plaisir.
      Malheureusement j’ai vu que les teams ont décidé d’être honnêtes et il n’est plus sur Anime-Story ou sur Lecture-En-Ligne il n’y a que 7 chapitres sur 20. Alors soit tu te contentes de ça pour acheter ensuite les tomes manquants (soit à partir de la moitié du tome 2. Oui c’est affligeant que les chapitres soient simal équilibrés). Soit tu vas lire les sans anglais.
      Mais la meilleure voie (sauf pour notre porte-monnaie) c’est d’acheter les tomes. Bonne lecture quand même !

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