Les anime sont multiples. Il y a de tout. Ainsi, vouloir les classer par genres (tranche de vie, comédie, drame, shonen…) est certes nécessaire mais manque de fondement. Deux shonen ne se ressembleront sur presque aucun point par exemple. Pourquoi je vous en parle ? Parce que Watashi ga Motenai no wa Dou Kangaetemo Omaera ga Warui (ou Watamote) – l’anime dont je vais vous parler – est l’exemple même de ce classement inexpressif. Parce que Watamote est classé comme tranche de vie. Alors qu’il est l’anti-tranche de vie même.
Watamote est donc un anime décrit comme une tranche de vie, mais vous verrez au long de la critique qu’il n’en est pas réellement un. Ou plutôt qu’il ne s’assume pas comme tel…
Grande passionnée des otome game, Tomoko a passé tout son temps libre au collège à conquérir le cœur des différents personnages dans ses jeux au lieu de développer un minimum sa vie sociale. Étrangement, elle reste toutefois très optimiste quand à l’avenir et est persuadée que sa côte auprès de la gente masculine va monter en flèche quand elle sera au lycée. Malheureusement, une fois cette étape atteinte, rien ne change dans sa vie et Tomoko se retrouve de nouveau isolée. Elle va alors essayer différentes techniques pour améliorer sa popularité avec plus ou moins de succès.
Syaoran (Animéka)
- L’anime est une sacré parodie des tranches de vie et joue pas mal là-dessus
- Personnage principal assez spécial, pas nécessairement intéressant mais
- Animation jouant sur les couleurs et quelques “effets” (cubisme quand elle est brisée, grise…)
- Vision d’une fille asociale présentée assez particulièrement
- Très dur à regarder tout de même car histoire assez lente, ne se passe pas grand-chose, pas agréable à regarder (que ce soit l’OST, le chara-design de l’héroïne et l’ambiance)
Une franche parodie des tranches de vie classiques
L’anime parodie de manière assez subtile le genre des tranche de vie, genre auquel Watamote se rapproche le plus assez ironiquement. Ce n’est peut-être pas son but premier – qui est de montrer les péripéties d’une fille asociale souhaitant se faire des amis – mais c’est tout de même une facette assez présente.
Déjà, contrairement à un anime classique où le chara-design attribue à son “héros” un physique sympathique si ce n’est valorisant, Watamote a décidé de prendre une fille pas nécessairement moche (cf épisode 6) mais qui est loin de posséder des atouts classiques, et pire, possède des défauts physiques à cause de son mode de vie. Même si son frère a inexplicablement les mêmes cernes qu’elle. Mais cela suffit déjà à faire un énorme fuck à nos classiques. Il suffit de comparer avec Oreshura (que je visionnais en même temps) qui est une tranche de vie niaise au possible remplie d’héroïnes extrêmement mignonnes.
Ce premier contrepied n’est là que pour nous avertir, car là où l’anime joue beaucoup sur la parodie, c’est en maniant ironie et médiocrité avec une brillante subtilité. De nombreuses scènes qui appartiennent pourtant à des situations classiques dans ce genre partaient totalement à l’opposé de ce qu’on aurait pu en attendre. En témoigne l’épisode 2 où la “rencontre miraculeuse” des tranches de vie classiques pouvait arriver. Lorsque Tomoko fut seul avec ce garçon, on pouvait honnêtement espérer à une véritable amitié naissante. Mais il n’en fut rien. Et on ne vit plus jamais ce garçon de tout l’anime.
En usant de références, Watamote se permet de pousser le bouchon encore plus loin. Outre les références au style même de tranche de vie, comme son placement au fond de la classe à côté de la fenêtre (comme dans chaque tranche de vie en effet), ce sont des références à d’autres tranches de vie qui sont faites. L’anime ne se prive et enchaina même deux références à la Brigade SOS (Suzumiya Haruhi no Yuuutsu/La Mélancolie D’Haruhi Suzumiya) et au Club des Voisins (Haganai). Références assez bien trouvées puisqu’elles démontrent à quel point Tomoko est à des années-lumière des héros de ces anime, qui pourtant étaient eux aussi asociaux. Et pourtant ils se font des amis, contrairement à Tomoko…
Certes Watamote ne prétend pas parodier les tranches de vie, mais afin d’accentuer un maximum la médiocrité de son personnage ainsi que son coté asocial ce choix n’est d’autant plus que logique.

Un personnage principal déroutant
L’histoire complète de Watamote est centrée autour de son personnage et (presque) unique personnage. Pour le présenter assez sobrement, c’est une fille tout juste lycéenne répondant au nom de Tamako. Ce personnage pourrait être comme tout personnage de tranche de vie et vivre le schéma assez classique qui lui est réservé : rencontre d’une personne, relation amicale puis péripétie géniale aboutissant sur une vie totalement changée, mêlant émotions et sentiments au travers de ces changements. Sauf qu’il n’en est rien.
Ici déjà, nous avons un personnage principal dont le physique va à l’opposé même du classique habituel. Il suffit de faire une comparaison avec de grands classiques, comme Clannad. Mais le physique de l’héroïne est tellement anéanti pour ne pas être attachant que cela en devient dérangeant à force. J’accorde toujours une grande importance au chara-design des personnages dans un anime, et j’ai eu à plusieurs reprises du mal à continuer le visionnage de l’œuvre à cause dudit chara design. Je sais qu’il était justifié par l’histoire, mais pour moi cela n’excuse pas le fait qu’il soit si dérangeant. Rajoutez-y le premier épisode qui ne nous donne vraiment pas envie de continuer à le regarder… Je peux mettre Oregairu en exemple d’anime avec un personnage asocial – le héros principal encore une fois – et dont le physique n’est pas avantageux. Mais son physique n’en devient pas pour autant dérangeant.
Et comme cette petite Tamako n’est déjà pas très bien servi niveau physique, il faut qu’en plus de cela elle soit timide et asociale. Y a-t-il cependant quelque chose à cela ? Fera-t-elle quelque chose contre cela ? Et bien… Non. Enfin, ce n’est pas vraiment elle qui ne fera rien pour arranger son problème de timidité mais c’est surtout l’anime qui ne prendra pas le temps de traiter cela même le temps d’un seul épisode. Dommage ? Oui ça l’est, parce que c’est un thème que je juge essentiel à aborder. Et donc l’avoir purement ignoré est assez décevant…
Mais le plus triste avec cette timidité c’est que Tamako n’est pas dépourvue d’une personnalité propre. Je ne veux pas rentrer dans la moralisation uniquement destinée à un personnage fictif, mais il faut simplement savoir que Tamako n’est pas un personnage stupide et timide sans intérêt. Au contraire d’ailleurs. Je traiterais plus tard de sa conquête sociale, mais rien que pour certains passages concernant les manga (ok ce sont des BL) ou encore les duels de cartes, cela prouve bien que Tamako a une personnalité propre, que cependant elle ne semble pas assumer, ou plutôt exploitée. C’est triste pour elle, donnant un côté assez mélancolique à son personnage. Voire légèrement profond…

Une animation astucieuse
Watamote se démarque par contre dans une animation assez bien réfléchie, mêlant classique et effets de style. Sans être exceptionnelle, elle permet de donner un petit style à l’anime lui permettant de se démarquer assez radicalement des autres animes.
Par exemple, il est habituel pour les anime de mettre le personnage principal en couleur parmi une foule grise, permettant ainsi de le mettre en évidence. Mais dans Watamote c’est totalement qui y est fait. Ainsi, Tamako est colorée d’un gris triste dans bon nombre de scènes. L’intérêt ? Il est simple. Première, cela permet de montrer qu’elle se fond totalement dans la masse, ce qui est un comble vu que son but était de se démarquer pour devenir populaire. Et c’est là que vient le second intérêt, c’est-à-dire accentuer le fait que quand elle essaye de devenir populaire. Elle ne réussit pas et se fond, au contraire, bien plus dans la foule. Et donc, ce gris est astucieusement utilisé pour ironiser ces situations gênantes pour Tamako, qui se fond tristement dans cette foule de personnes grises.
Un autre moyen utilisé afin d’accentuer ces moments de profonde gêne, c’est le cubisme (style Picasso). Voyez-vous, il y a plusieurs scènes où le visage/corps de Tamako se voit “briser” et s’illustre au travers d’une transformation de son physique en représentation cubique. Cet effet n’apporte finalement qu’un peu de cachet à l’anime. Mais l’intention est là et ça marche quand même un minimum ! Dommage presque qu’au final Watamote n’ait pas exploité d’avantage le cubisme que ça, car le peu de scènes où c’est utilisé, ça marche plutôt bien.
Venons-en à la soundtrack. Et commençons par l’opening. Si en soit l’opening n’est pas mauvais, je ne peux pas dire qu’il soit génial. Mais son plus gros défaut réside en son ton. Se jouant sur du rock/métal très dur, il annonce comme un ton assez sombre et violent. Alors qu’évidemment dans l’anime il n’en est rien. Après, si on voit ça sous un angle comme quoi ce serait la représentation des pensées de Tamako, et bien c’est donc alors un (autre) aspect qui n’est pas traité dans l’anime. Et même si c’est une retranscription du point de vue de Tamako sur ses actions, et que le choc contre la “caméra” à la fin de l’opening montre qu’au final elle se rate, tout cela ne sauve que peu l’opening. Car en définitive le ton général nous laisse un espoir éternel qu’elle se réveillera de manière hardcore comme on le voit. Mais non…

Une vision particulière de la solitude
Watamote adopte évidemment le thème de la solitude tout au long de son histoire. Ce thème, immanquable vu l’héroïne, est traité de manière assez intéressante. Pour reparler d’Oregairu, puisque c’est un autre anime traitant principalement de la solitude, dont la vision est assez similaire avec celui de Watamote, mais dont la narration est très différente.
Le discours dans Watamote est dur, très dur. Là où le personnage principal d’Oregairu était dur avec les personnages secondaires, Watamote fait tout le contraire en l’étant avec cette pauvre Tamako. Déjà affublée de tous les défauts cités plus haut, elle ne sera pas aidée par l’histoire de l’anime. Entre tentatives désespérantes pour devenir populaire et des circonstances malheureuses, Tamako n’est pas du tout gâtée. Ainsi, la narration de l’anime sera tout du long dure, très dure. Est-ce fait exprès ? Est-ce une exagération de la part de Watamote ? Oui et non. Oui car les effets de style (cubisme, OST, couleur…) sont évidemment là pour accentuer les choses. Mais au fond, non. Parce que l’anime se veut avant tout réaliste. Et comme on le dit, la réalité est cruelle…
Mais cette vision ne doit pas s’arrêter à la souffrance. Car si Tamako s’en prend autant dans la gueule, c’est pour une bonne raison. Elle essaye de devenir populaire, et c’est quelque chose qui ne peut qu’être salué. Elle tente mais ne réussit pas, tout le problème est ici. Et donc, alors qu’Oregairu préférait montrer un héros asocial de par sa haine des autres, Watamote va plus loin et exploite davantage cette facette en montrant comment une personne non-populaire (la nuance est importante ici entre impopulaire et non-populaire) voudrait le devenir, et pourquoi elle ne le deviendra pas. Ces efforts, qu’elle continue de fournir tout le long de l’anime permettront à la fin de nous montrer une autre facette de ce que l’on voyait jusqu’à maintenant comme une pauvre fille asociale et pitoyable. Une facette bien trouvée puisqu’il s’agit simplement du fait que, par son effort, Tamako en devient adorable. Et permet à l’anime de donner un peu de tendresse sur sa fin…
Mais le plus important dans ce thème c’est la manière dont on peut superposer ces idées par rapport aux tranches de vie classiques. J’avais dit au début de cette critique que Watamote se moquait beaucoup des tranches de vie en les parodiant, mais ce n’est pas simplement une parodie qui nous est livré ici, mais bel et bien une réflexion assez intéressante. Au final, une tranche de vie n’est-il pas par défaut une histoire où le héros connaitra une rencontre miraculeuse lui faisant alors vivre un tas d’aventure ? Rappelons que c’est ce dont rêver Tamako. Et pourtant, malgré tous ses efforts, il n’en sera rien. Ici, Watamote rappelle donc d’un côté que les tranches de vie, genre aussi génial qui soit, ne sont pas ce que nous pourrions appeler comme réalité. Et c’est cette réalité que Watamote s’est chargé de rappeler au travers cruelle de réalisme. Peut-être un peu trop cruelle même…

Un anime finalement peu agréable à regarder
Depuis tout à l’heure je vous parle de critique du genre tranche de vie, avec un ton parodique et surtout un abordage du thème de la solitude assez astucieux, mais tout cela ne doit pas nous faire oublier une chose importante : Watamote reste un anime. Et c’est dans ce rôle d’anime que Watamote pêche le plus.
Tout d’abord parce que peu de choses sont agréables dans l’anime. Le chara-design de l’héroïne est moche, voire écœurant dans l’épisode 1. Alors certes, c’était pour les besoins de l’histoire, mais tout de même. Si les anime “classiques” ne mettent en scène uniquement des personnages avec un minimum de beauté, c’est – vous le savez sans doute – pour que l’on puisse facilement adhérer à son physique et donc au personnage. Dans ce jeu-là, Oregairu joue bien mieux dans le chara-design. Déjà parce que le second personnage principal est beau, mais surtout parce que même si le héros est moche, il n’en a pas pour autant un physique dégoûtant. Et ajoutez après au chara design de Tamako l’OST qui est astucieusement utilisée, oui, mais pour nous mettre mal à l’aise. Et évidemment, ce n’est pas arrangé par l’ambiance générale qui est assez désagréable aussi (surtout que dans des tranche de vie – même si Watamote n’en est pas vraiment un – j’attache beaucoup d’importance à l’ambiance)…
Donc que tirer d’un anime dont rien ne semble agréable ? Sûrement son histoire ? Et bien non. Tout le long de l’anime le rythme et la narration sont lents, il ne se passe en général rien dans l’histoire et au final on n’avance pas, en témoigne la scène finale calquée sur la scène d’introduction. Et c’est ça le plus chiant dans cet anime. On n’a même plus le plaisir d’avancer dans l’histoire. J’ai perdu histoire dès l’épisode 3. Et je commençais chaque épisode en sachant que peu importe ce qu’elle fera, ça ne pourra que foirer. À cause de ça, l’histoire devient rapidement ennuyeuse et lassante. Il est dur d’accrocher et je n’arrivais jamais à enchaîner deux épisodes à la suite. Malgré tout, oui, cet ennui est voulu pour montrer que Tamako n’a pas de vie. Mais ça reste que c’est chiant à suivre.
Surtout que Watamote raconte une histoire terriblement pathétique. Et ça n’arrange vraiment rien à l’intérêt que l’on pourrait porter à l’histoire. Parce qu’en plus d’être lente et ennuyeuse, elle est tellement pathétique que l’on aura simplement pitié de Tamako. Alors oui c’est aussi voulu, mais ça fait souvent plus de mal que de bien. On ressent plus souvent un petit énervement à voir Tamako essayait des choses que l’on sait d’office qu’elle va foirer, et surtout qu’elle va foirer bêtement. Et ça c’est très lassant au final.

Conclusion
Mais quel bilan faire donc de Watamote ? Parce qu’après ce développement vous pouvez être un peu perdu et c’est normal. Watamote n’est pas un anime simple à caser. Nous ne sommes pas en face d’un anime que l’on peut simplement qualifier de bon ou mauvais, et encore moins de tranche de vie classique.
On peut trouver que j’ai poussé mon raisonnement assez loin, mais c’est surtout que tout au long de l’anime, et surtout à sa fin, je restais dubitatif. Je me disais que cet anime n’était pas très agréable, mais il avait des choses à relever. Je trouvais qu’il aurait été trop simple de dire que c’est un anime lent et ennuyeux sans intérêt. Car c’est ça toute l’âme de Watamote. Raconter une histoire sans intérêt d’une fille asociale et inintéressante. Coller à ce délire est très compliqué, mais quand on y arrive c’est parfait !
En conclusion, Watamote se rate bel et bien en tant qu’anime pur. L’histoire est ennuyeuse, la narration lente, le chara-design moche et le tout fait trop pitié. Mais ce n’est juste parce que l’anime assume à fond ses idées. Voyez tout ce que j’ai pu dire uniquement sur les idées phares. Pour moi, la magie de Watamote se situe là-dedans. Un anime qui se savoure donc pour ses idées, et non pour ce qu’il offre en premier.
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