Et si ? Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. À trop conditionner, on est amené à se perdre dans le fantasme ou dans le regret. Dans la vie, les pensées comme « si j’avais fait ça… » ne servent à rien. Nous ne vivons qu’une fois et il faut alors profiter un maximum du temps à notre disposition pour ne rien regretter. Ou en tout cas le moins possible. Il en va de même avec les pensées trop rêveuses qui nous mèneraient à croire à l’impossible. Que ce soit par désespoir (« Si le prof n’est pas là, je peux m’en sortir pour ce devoir… ») ou au contraire par un espoir trop grand (« Si nous nous travaillons avec acharnement, je suis sûr qu’on peut transformer cette aiguille en fusée nucléaire ! »), ces pensées sont autant de parasites qu’il faut savoir maitriser. Cela nécessite de rester lucide quant à ses propres capacités. Sinon, on tombera facilement dans la rêverie de fantasmes passés comme futurs sans que cela ne change quoi que ce soit.

Mais ces belles paroles on s’en fout en fait. Parce qu’aujourd’hui on va parler d’animes qui auraient été « mieux » réalisés par un autre studio. Abandonnons-nous donc quelques instants à nos fantasmes !

Visuel – Jinrui wa Suitai Shimashita

Commençons en force avec Jinrui wa Suitai Shimashita. Cette série met en scène la « déchéance de l’humanité » dont la population s’est fortement réduite et est désormais largement surpassée par les « fées » (Yousei-san sans la version originale). Ces petites créatures avides de sucreries sont également dotées d’une curiosité folle, les poussant à reproduire quasiment tout ce qu’elles voient. Et le travail de « Watashi » (elle ne se nomme jamais au cours de la série), le personnage principal, est de garantir un lien entre les humains et les fées.

Avec cette base loufoque, Jinrui wa Suitai Shimashita use d’une écriture variée et intelligente. La série sait aussi bien mettre en scène de superbes satires de la société (sur notre sytème industriel ou celui de publication des mangas) que des histoires pleines de folies (personnification des deux satellites, boucle temporelle). Et ce sans délaisser un humour particulièrement ravageur, comme la scène mémorable du pain dans le premier épisode. Et le tout est superbement mis en scène dans un univers coloré et rêveur. Que ce soit pour ses décors euphoriques, la série évoluant dans un univers post-apocalyptique campagnard et extravagant, ou ses mises en scènes folles, prônant fortement la métaphore (le double épisode de la boucle temporel en est un bon exemple). Jinrui wa Suitai Shimashita est ainsi une série passionnante, divertissante et particulièrement intelligente qui saura vous surprendre, autant de par son visuel que par son histoire.

Le studio de rêve : Shaft

Le travail de AIC A.S.T.A. est formidable sur Jinrui wa Suitai Shimashita. Comme j’ai pu le dire précédemment, le visuel de la série est particulièrement bien rodé. Le character design des fées, légèrement différent de celui du light novel, apporte une touche de poésie supplémentaire à l’anime. Mais quand on parle de visuel lyrique, l’idée de voir Shaft s’occuper de la série me semble assez évidente. Le studio a déjà montré un véritable savoir-faire dans le domaine des réalisations prônant un visuel chargé en imaginaire. Que ce soit pour ses Monogatari ou Zetsubou Sensei, sans oublier l’excellent Puella Magi Madoka Magica. Imaginer alors un instant à quoi aurait pu ressembler un Jinrui wa Suitai Shimashita réalisé par Shaft…

Musique – Log Horizon (Opening DATABASE DATABASE WOW WOW)

Alors que 2012 venait de connaitre le raz-de-marée Sword Art Online, 2013 voyait arrivait une nouvelle série mettant elle aussi en scène des personnes enfermées dans un MMORPG. Log Horizon part donc avec la même base que son prédécesseur. Mais la série, adaptée du light novel de Mamare Toumo (qui a aussi écrit Maoyuu Maou Yuusha), prend une direction complètement différente du blockbuster d’A–1 Pictures. Dans Log Horizon, l’accent est mis sur la dimension économique et politique de l’univers du jeu. Vous verrez ainsi bien plus de négociations commerciales que de combats au cours de la série. Après tout, le combat n’est pas une fin dans Log Horizon. Les joueurs ne savent pas pourquoi ils sont enfermés dans le jeu et doivent avant s’unir pour survivre. Un développement assez originale et bienvenue, même si la série tombe parfois dans un ennui économique regrettable (mais surmontable).

Et à coté, la première saison se dote pourtant d’un opening particulièrement énergique et badass. Toute personne ayant vu la première saison se souvienne de cette chanson hurlant « Database, Database ! ». Et à cette chanson se mêle une animation pleine de dynamisme, promettant presque une multitude de combats épiques. Si le générique est formidable, il faut cependant admettre qu’il est « légèrement » à coté de l’intérêt principal de la série, dont les scènes d’action n’étaient vraiment pas l’attraction principale…

Le studio de rêve : Madhouse

Le choix de Madhouse se comprend notamment pour son travail sur Overlord l’été dernier. Le studio aurait pu largement dynamiser les scènes d’action de Log Horizon qui, malgré de bonnes idées, sont loin d’être son point fort. Surtout, c’est un meilleur rythme que Madhouse aurait eu à apporter à des épisodes de négociations commerciales parfois (souvent) trop mous. Et surtout, cela aurait évité la catastrophe visuelle sur laquelle le travail de Deen n’avait vraiment pas convaincu.

Personnage – Karen Kujou (Kiniro Mosaic)

Dans l’univers des séries moe moe sur dix, il existe une multitude incroyable de séries plus mignonnes les unes que les autres. Mais parmi elles, trois tirent leur épingle du jeu : Non Non Biyori (dont la qualification moe est assez controversée), Is the Order a Rabbit (série maléfique assujettissant toute personne la visionnant, à commencer par moi-même) et Kiniro Mosaic. La troisième série l’occasion de suivre le quotidien de Shinobu (non, pas celle de Monogatari), passionnée par la culture européen et surtout l’Angleterre. C’est justement là-bas qu’elle put rencontrer, enfant, la petite Alice Scarlet, jeune anglaise qui rejoindra alors son amie au Japon une fois entrée au lycée. À ce duo principal se joint une multitude de personnages secondaires, comme Yoko, Aya(ya) et…Karen.

Karen Kujou est un peu le messie de la série. Non pas que sans elle Kiniro Mosaic serait en perdition mais son apport à la série est phénoménal. Son caractère enjoué et surexcité apporte un dynamisme des plus agréables pour une série pas toujours vive. Ses réactions aléatoires ajoute une couche de loufoque aux dialogues et amène par moments à quelques situations bien drôles. Son originalité et son extravagance sont des qualités qu’il aurait largement manqué à Kiniro Mosaic sans cette adorable métisse. Et le doublage de l’excellente Nao Touyama est aussi à souligner, tant sa voix convient parfaitement au personnage. Enfin, que dire de son character design adorable avec sa superbe coiffure blonde, sa veste drapée de l’Union Jack et ses expressions qui…Mais je m’égare.

Le studio de rêve : White Fox/Silver Link

Tout simplement parce que contrairement à Non Non Biyori et Is the Order a Rabbit, Kiniro Mosaic ne possède pas d’aussi fortes qualités visuelles. Si j’ai toujours regretté la sous-utilisation du « choc culturel » entre le Japon et l’Angleterre avec Shino et Alice, il est aussi loin de s’incarner sur le plan visuel. Les décors sont particulièrement classiques pour un tranche de vie, voire assez vides dans la seconde saison. Seul instant de folie : la seconde moitié du final de la première saison, un grand moment où Shino imagine une histoire mêlant blondes et pirates. Bref, même si Kiniro Mosaic est loin d’être mauvais, s’investir davantage sur son visuel aurait surement pu porter la série plus haut.

Manga – Tokyo Ghoul

Qui n’a pas entendu parler de Tokyo Ghoul ? La série évènement de 2014 fut beaucoup parler d’elle, autant en bien qu’en mal. La série fut l’un des événements de l’été 2014 avec son histoire de mangeurs d’hommes horrifique. Particulièrement malsaine, la série fascinait par une écriture violente et imprévisible, ne laissant jamais sans répit le spectateur. Et surtout, le travail visuel était au rendez-vous, autant sur la réalisation que l’animation en elle-même. Et l’histoire, semblant partir sur une brillante opposition entre des gentils et méchants particulièrement difficiles à cerner. Enfin, la première saison se concluait sur un bouleversement du personnage principal aussi soudain que radical, promettant une saison 2 complètement folle.

Mais elle fut à chier, cette saison 2. D’une part parce que l’écriture était complètement ratée, oubliant toute cette opposition brouillée entre bien et mal. Ainsi que pour l’échec complet de ses personnages, dont l’intérêt s’est évaporé avec la santé mentale du personnage principal. Et c’est aussi visuellement que la série fut décevante. De nombreux plans furent mal agencés, la réalisation mal rythmée et certains scènes d’action mal animées. Une déception totale.

Le studio de rêve : Madhouse/Bones (ou n’importe qui en fait)

Parce que le travail du studio Pierrot était lamentable sur la seconde saison. C’est probablement dû à un rythme beaucoup trop intense, une saison seulement séparait les deux saisons, et rien ne garantit que la production d’une suite était prévue au départ. Madhouse et Bones s’imposent alors comme de bonnes alternatives, essentiellement parce qu’ils déjà prouvé savoir faire des séries visuellement attrayantes et dynamiques. Après, si les conditions de production sont infernales, aucun studio n’aurait cependant pu faire réellement mieux…

Anime – Silver Spoon

Après son chef d’oeuvre Fullmetal Alchemist et un Hero Tales bien plus mitigé, la grande Hiromu Arakawa partit explorer un terrain complètement nouveau avec Silver Spoon. Passé d’un shonen action-fantastique à un tranche de vie agricole semblait être un rude changement, la mangaka le fit pourtant avec brio. Sur la forme, on retrouve donc le style de l’auteure mais qui convient encore plus pour un tranche de vie où les instant légers sont encore plus présents que dans Fullmetal Alchemist. Et c’est dans une ambiance particulièrement agréable que l’on suit le quotidien de Yuugo Hachiken et de ses camarades de classe dans leur lycée agricole. Et comme pour beaucoup de tranche de vie, la forme semble barbante et inintéressante. Mais dans le fond, c’est une toute autre histoire. Et c’est avec une subtilité exceptionnelle que Silver Spoon met en scène la vie d’adolescents avec le lot de doutes et de peurs qui peut l’accompagner. Certains ne savent pas ce qu’ils veulent faire, d’autres ne savent pas s’ils arriveront à atteindre leur objectif et d’autres encore souhaitent suivre une autre voie que celle qui leur est promise. Une manière bien élégante d’illustrer l’adolescence sans tomber dans un drama forcé et insipide, jouant bien au contraire sur la simplicité de sa narration.

Concernant l’adaptation en anime, réalisée par A–1 Pictures, il n’y a pas grand chose à en dire. L’anime, allant jusqu’au tome 9, fait majoritairement le travail, surtout en terme de narration. Le tout étant étalé sur deux saisons de 11 épisodes chacune, il n’y a aucun réel problème à relever de ce point de vue. Et d’un point de vue visuel, on peut noter qu’A–1 Pictures a largement bien fait son travail. Les décors, les lumières et les couleurs nous plongent directement dans une ambiance fermière qui s’incarne dans de nombreux lieux et heures différentes. Le character design se rapproche extrêmement de celui de Hiromu Arakawa. Et le tout arrive à rester simple, à la manière du manga. Un travail plus que correct en somme.

Le studio de rêve : Kyoto Animation

Là, c’est du fantasme pur et dur. Quand on dit tranche de vie, le nom de Kyoto Animation vient presque de lui-même. Il a un véritable savoir-faire en la matière, alliant des décors détaillés et denses avec une clarté excellente. Et pour une oeuvre comme Silver Spoon, dur de trouver un meilleur candidat que le studio de Kyoto. Si le travail d’A–1 est particulièrement honorable, nul doute que KyoAni aurait pu fournir quelque chose d’incroyable, afin d’ancrer un peu plus Silver Spoon dans nos mémoires. Car l’adaptation anime, aussi bonne soit-elle, se fait rapidement oubliée. Enfin, d’autres noms auraient pu être cités, rien que White Fox et Silver Link qui ont fourni un excellent travail sur leur propre tranche de vie. Mais ici le rêve était permis. Donc rêvons grand. Rêvons un Silver Spoon made in KyoAni.

Tout ça c’est à voir :



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