J’ai un certain faible pour les œuvres à « concept ». Celles où l’intrigue est basée sur un twist improbable ou une approche radicalement différente de son genre. Et c’est pour cela que j’ai été séduit par Endo and Kobayashi Live! The Latest on Tsundere Villainess Lieselotte et son histoire qui se joue avec humour et pertinence du trope de la tsundere.

Endo and Kobayashi Live! The Latest on Tsundere Villainess Lieselotte poster
12 épisodes – ADN

Déjà, on n’est pas face à un isekai mais à une situation improbable où deux joueurs d’un otome game peuvent parler aux personnages du jeu. Cette « mécanique » leur permet alors de les conseiller, notamment en apportant des informations qui ne sont pas évidentes pour eux. Notamment, et c’est le second point interessant, que l’attitude froide et distante de la princesse antagoniste est en réalité due à sa nature de « tsundere ». Et qu’en vérité c’est sa manière, très maladroite, de prendre soin de son entourage (souvent en cachant une attention derrière un prétexte mesquin, par exemple). À partir de ces deux éléments, l’histoire est plutôt simple : Endo et Kobayashi, deux lycéens, souhaitent aider les personnages de l’otome auxquels ils jouent ensemble à avoir une fin heureuse. Pour cela, il leur faut éviter à Lieselotte, la « Villainess » de terminer tragiquement, notamment dans sa romance avec Siegwald, le prince héritier et surtout principal love interest du jeu.

Oh non ils ont cassé la tsundere

Breeeef, tout l’enjeu réside dans cette relation à sauver, ce qui sera grandement facilité une fois qu’Endo et Kobayashi apprendront à Siegwald ce qu’est une tsundere et pourquoi sa fiancée se comporte ainsi. Bravo les otakus donc, l’intrigue part en tout cas avec ces deux « twists » qui rendent son concept sacrement original mine de rien. Le fait que les joueurs puissent communiquer avec un personnage du jeu rend l’expérience assez proche de ce que l’on pourrait ressentir en jouant avec une soluce. Voire plus loin encore, puisque là il s’agit de diriger le scénario vers une happy end absolue « inédite ». Une approche rafraichissante permettant aussi d’alterner entre notre monde et celui du jeu, surtout que le duo de joueur ne semble pas dénuer de sentiments l’un envers l’autre.

Des romances en pagailles avec une tsundere à sauver d’un destin funeste, mais également…de son propre trope. La série s’amuse certes volontiers avec les classiques de son stéréotype (typiquement : être gentille avec un autre personnage sans l’assumer donc elle fait passer ça pour une pingrerie, une obligation ou même une attaque), mais elle cherche surtout à l’en sortir pour l’aider. C’est une approche plutôt maligne du trope, qui sur la fin prend même une allure de déconstruction tant la finalité est de se défaire de cette attitude finalement nocive. Et ça m’a plutôt régalé tant j’avais de plus en plus de problèmes avec le concept de la « tsundere », consistant souvent à des personnages qui se mentent à eux-mêmes, ce qui est assez triste quand on y pense. Principe que développe joliment la série en prônant plutôt l’honnêteté avec soi-même, au lieu d’opprimer ses propres sentiments, ce qui n’apporte globalement rien de bon à son entourage. Une manœuvre qui marche justement ici parce que la « tsundere » est narrativement cassée : Endou et Kobayashi connaissent le trope, le perçoivent comme tel par leurs yeux de joueurs et l’explique à Siegwald, comprenant mieux ce qui lui apparaissait juste comme une attitude froide et distance. Un vrai air de soluce que l’on viendrait de lui filer.

La série s’évite ainsi de facto tout quiproquo et mauvais dénouements induits par le renfermement de sa protagoniste. Et je trouve assez brillant de voir s’effondrer (de la plus adorable des manières) au fil des épisodes le trope censé être le point central de l’histoire, au point d’être présent dans le titre. Derrière, cela offre aussi de jolies dynamiques entre les protagonistes, et un paquet d’interactions rigolotes. Surtout quand il s’agit de Lieselotte qui joue la tsundere mais qu’elle est constamment percée à jour (car son fiancé a la soluce du jeu maintenant). Pleins de réactions amusantes et adorables aussi, principalement de Lieselotte qui finit souvent paniquée (et surtout de plus en plus amoureuse, c’est beau). Mais aussi des quelques personnages qui gravitent autour, notamment Fiene (l’héroïne du jeu à la base), qui s’avère être une amusante benêt à la force et à l’appétit gargantuesque.

Finalement, le seul vrai défaut de la série est celui qui saute aux yeux : visuellement c’est très difficile. Il est complexe de savoir ce qui a vraiment manqué dans la production, mais à la vue du staff plutôt expérimenté, je parierai sur un planning désastreux. Résultat, on obtient un character design souvent grossier, une direction artistique plutôt convenue, voire fade selon les moments et une animation particulièrement limitée. C’est très dommage, surtout que derrière il y a tout de même une réalisation convaincante avec de vrais bons choix de cadrages, de compositions. De même pour la narration souvent maitrisée (hormis quelques transitions inexistantes). C’est vraiment triste à voir.

Ce plan totalement ridicule marche pourtant totalement dans le contexte de la scène

Mais la série vaut tout de même le coup. C’était malin, attachant et drôle. Ok c’est moche, mais j’ai passé un véritable bon moment sur ses 12 épisodes et ait sincèrement été conquis par la manière dont elle se joue du trope de la tsundere. L’évolution de Lieselotte est merveilleuse à suivre tant elle apprend de ses propres défauts et de ce qu’elle doit faire pour sortir de ses mauvaises habitudes. Le fond a totalement rattrapé la forme, et si je ne peux que souhaiter au staff de connaitre des productions moins chaotiques à l’avenir, je peux juste vous inviter à donner une chance à cette série joliment atypique.



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