Voir une série Kirara1 au cinéma en France a toujours sonné comme un rêve impossible à mes oreilles. Pourtant, le succès phénoménal de l’anime de Bocchi the Rock fin 2022 a fini par rendre réalisable l’impensable. C’est donc ce mardi 15 octobre, à 20 h 15 pour ma part, que l’on a pu apprécier les versions filmiques de cet anime musical. Certes, il ne s’agit là que de séances uniques (en pleine semaine, qui plus est) mais le fait est là : on a pu voir Bocchi au cinéma. Et c’était incroyable.
On est toujours sur l’histoire de Bocchi, cette lycéenne asociale cherchant désespérément à rejoindre un groupe de rock, finissant par être embrigadée dans celui de Nijika, « Les Attaches » (ou Kessoku Band en VO). Suivent alors des intrigues mêlant une tranche de vie lycéenne relativement classique vue par une anxieuse sociale et de la vie du groupe, en quête de succès.
Les deux films recoupent l’intégralité de la série, le premier couvrant les huit premiers épisodes et le second les quatre derniers, donc. Au visionnage, on ne ressent pas de déséquilibre particulier et les deux parviennent à tenir leur histoire de manière satisfaisante. Évidemment, le premier film doit faire avec de sérieuses coupes pour rentrer dans ses temps. Et s’il évite d’être précipité, j’ai tout de même regretté certaines pertes, notamment le moment où Nijika et Kita vont chez Bocchi (et finissent par mourir, tristesse). Mais tout cela permet au moins d’adresser la meilleure scène pour conclure ce film : le title drop de Nijika.
Pour le second, c’est mathématiquement plus simple. Avec juste quatre épisodes, le long-métrage n’a pas à spécialement se presser et permet même de profiter un poil plus du festival du lycée en compagnie des Attaches. Je n’ai en tout cas pas remarqué de coupes notables, et ai plutôt apprécié voir toutes les séquences que j’espérais voir (notamment le légendaire passage de Kita rendant une omelette surgelée délicieuse).
Chaque récap comporte quelques séquences supplémentaires par rapport à la série télévisée, mais cela reste assez discret. J’en ai relevé seulement 2-3 sur l’ensemble, dont un court passage de Kita rassurant Bocchi avant leur concert au festival (vraiment la supportive girlfriend qu’elle est). Je ne serais pas surpris que la majorité soit directement réalisée par Kerorira, le character designer et directeur de l’animation en chef sur l’anime, tant son style se remarque dans ces cuts. L’occasion de se dire que si une saison 2 doit finir par voir le jour, il pourrait très certainement succéder à Keiichirou Saitou comme réalisateur, ce dernier étant actuellement toujours bien occupé par l’adaptation de Frieren. Bref, ce sont juste des conjonctures supposées, surtout portées par mon envie de voir une saison 2 se concrétiser, mais le tout est d’être patient avant tout. Au final, le gros du contenu inédit se trouve dans leurs openings dédiés, dans lesquels on découvre notamment l’aspiration sportive de Kita dont le talent au basket-ball n’a rien à envier à LEBRON JAMES2.
Tout ça est bon à savoir, mais concrètement, que valent les films en eux-mêmes ? Eh bien, ils sont aussi cool que l’était la série. Mon avis sur celle-ci n’a pas changé depuis 2022, si ce n’est positivement. Ces films proposent globalement la même chose, avec quelques différences au montage, donc autant ne pas perdre du temps à se répéter.
Je ne suis pourtant pas un grand fan de ces recompilations cinématographiques de séries que j’ai déjà vues. Le fait qu’il s’agisse d’un contenu plutôt difficile d’accès en France, même si cela a tendance à se démocratiser, comme le montre ceux de Bocchi the Rock, a vite fait de me décourager. Mais, surtout, l’idée de revoir quelque chose que je connais déjà dans un format légèrement différent ne m’emballe pas plus que ça. Sans y être réfractaire, ce ne sont pas des expériences que je vais prestement chercher.
En écrivant cet article, je m’aperçois que j’en ai vu encore moins que je ne l’aurais cru : dix (en incluant ceux de Bocchi the Rock). Un faible nombre, pour des expériences contrastées. Oublions ceux de Puella Magi Madoka Magica, vus il y a quasi dix ans et dont je n’ai plus aucun souvenir. Mes souvenirs sont aussi vagues pour les deux recaps de Made in Abyss, si ce n’est que le second conservait toute la charge émotionnelle du récit. Ceux de Gurren Lagann m’ont davantage marqué, alors que je les ai vus en amont. Et pour cause, ces deux films comportent de nombreuses séquences, refaites pour l’occasion, avec notamment des combats finaux entièrement remaniés. L’expérience est semblable à la série TV, mais amplifiée par son passage sur grand écran (je dis ça alors que je les ai regardés sur l’écran de mon ordi portable de l’époque, bref…).
Enfin, les films de Sound!Euphonium sont mon expérience la plus récente avec du récapitulatif et dont je parle ici et là. Avec un bilan franchement négatif. Le premier, couvrant la saison 1 ? Un pur échec narratif dont les nombreuses coupures ont vidé son histoire de toute sa sensibilité, rendant un film froid où rien ne transparaît naturellement.
Le second s’en sort davantage pour résumer l’histoire de la saison 2, ou presque, puisqu’il y parvient en se concentrant uniquement sur la relation entre Kumiko et Asuka. Toute l’histoire avec Mizore et Nozomi ? Ça passe à la trappe. Des expériences très mitigées, et ce malgré le travail certain du staff pour porter ces films récaps, notamment avec un redoublage intégral (mais pas toujours bienvenue, surtout quand on est attaché aux Kumiko-noises).
Ces critiques se valent selon ce que l’on attend de ces formats. Naïvement, dans le cas de Hibike, je les voyais plutôt comme une manière adéquate de revoir la série dans un format condensé. C’était dans cette optique que je les ai vus en début d’année, en prévision de sa saison 3 à venir, et j’ai fortement déchanté. Certes, cela dépend du matériau de base, du format d’adaptation (le premier film de Hibike condense 13 épisodes, ceux de Bocchi c’est « seulement » 8 épisodes puis 4 à résumer) et de l’habileté du montage à conserver au mieux l’essence du récit. Bref, les risques d’y perdre beaucoup en sensibilité, ou même en détail faisant vivre une œuvre (la relation Kumiko-Reina y perd beaucoup dans son premier film), sont élevés. Pour revivre sur une soirée une série que l’on aime bien, cela passe encore (avec quelques concessions). Mais pour la découvrir ? C’est tout simplement impensable.
Mais alors, quel intérêt ? Outre l’aspect financier pour les producteurs qui est évident (gagner beaucoup d’argent juste en recyclant du contenu déjà produit, quelle brillante idée capitaliste), pour les spectateurs, il est juste dans le plaisir de l’expérience. Spécifiquement dans celle que seul une salle de cinéma peut procurer par ses spécificités matérielles (l’occasion de rappeler que les cinémas sont un des derniers lieux de collectivisation de moyens techniques). Il ne s’agit donc pas d’uniquement revoir une œuvre que l’on aime, mais bien de la revoir au cinéma.
Avec cette idée et au regard de mes expériences passées, j’ai réellement vécu mon premier film récapitulatif avec ceux de Bocchi. C’est la première fois que j’en voyais au cinéma, leur contexte de diffusion d’origine. Alors que les voir sur une télévision ou un ordinateur ne change pas grand-chose par rapport à l’expérience de base d’un anime. Résultat, si je m’attendais à passer une bonne soirée en revoyant une œuvre que j’aime, je ne m’attendais pas à passer une si bonne soirée. J’avais tellement le sourire en ressortant, c’était scandaleux.
Il y a d’autres éléments inhérents au cinéma et à cette soirée qui ont participé à ce sentiment, comme les rires du public composé d’une majorité de fans de la série. Une sensation de partager un bon moment (alors que j’étais venu seul, en bon fan de Bocchi) particulièrement plaisante. Ah, et j’ai dit que juste voir les Attaches sur grand écran, c’était le pied, surtout durant leurs concerts ? C’est fou ce que ça change une grande toile blanche.
Donc, ouais, les films récapitulatifs ne servent pas à grand-chose, si ce n’est se faire kiffer en tant que fan au cinéma. D’un point de vue créatif, c’est souvent pauvre, quand ce n’est pas le néant. Mais si cela permet de profiter d’une série que l’on apprécie à moindres frais, notamment humains, sur grand écran, alors c’est peut-être déjà pas si mal.
Quel plaisir, alors, ces films récapitulatifs de Bocchi the Rock. Un merveilleux moment à vivre pour bien peu de choses. Aboutissant à ce retour d’expérience enthousiaste qui s’est transformé inopinément en réflexion involontaire sur le format du film recap. La spontanéité de la chose laisse sans doute des angles morts à la réflexion, mais globalement l’idée est là : les cinémas, c’est cool, Bocchi the Rock aussi.
Maintenant nous allons passer à la seconde partie de cet article dans laquelle je vais vous parler du second film et pourquoi il est explicitement monté comme un « BoKita Love Story » car dans celui-ci Bocchi et Kita sont clairement présentées comme-
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