Fin de saison oblige, c’est l’heure du (pas du tout) traditionnel bilan des séries que j’ai vues (et appréciées). Ce printemps a été particulièrement qualitatif de mon côté, entre belles surprises et valeurs sûres qui assurent. Avec 13 séries, c’est aussi ma saison la plus chargée depuis un bon moment, ce alors que j’ai eu quelques impasses (comme la saison 2 de Wind Breaker que j’ai entamée sur le tard). Je n’évoque également pas les séries qui continueront cet été comme Anne Shirley et le remake de Yaiba, de quoi laisser de la matière pour un possible bilan estival (ou pas, on verra, la vie n’est qu’aventure).

Les séries sont classées par ordre alphabétique (déterminants exclus). Bonne lecture !

⚠️ Ce bilan est long, pensez à bien vous hidrater durant sa lecture ⚠️

Apocalypse Hotel

Un projet original signé CygamesPictures, ça attire déjà l’attention pour la promesse d’une production assez léchée. Avec son cadre post-apo dans lequel des robots continuent malgré tout de faire tourner un hôtel dans l’attente d’un retour improbable de l’humanité, c’est même avec un certain enthousiasme que j’attendais la série.

12 épisodes – Crunchyroll

Et, wow, quel plaisir ! Du début à la fin, chaque épisode était une source de situations inattendues avec un concept qui se développe merveilleusement bien. La série traine une mélancolie de fond sur la disparition de l’humanité, l’espoir vain de son retour et la préservation de son héritage (ou de celui du gérant de l’hôtel, au moins). Les ellipses temporelles permises par la nature robotique de l’héroïne Yachiyo confèrent une dimension indubitablement non-humaine au récit, tout comme la nature des autres personnages que l’on va croiser au fil des épisodes et serviront de nouveaux « clients » à l’hôtel.

Ajoutez à ça une réalisation impeccable, notamment pour apporter de la cohérence aux multiples visages du titre qui mélange allègrement humour et pathos bien intense. Ce qui lui permet de rester un divertissement franchement réussi et captivant tout en abordant un paquet de réflexions sur des choses aussi essentielles que la nature d’une société et de la manière dont il faut assurer sa survie.

Un de mes coups de cœur de la saison, voire de l’année, pour sûr. Et si vous en voulez plus, je peux vous renvoyer vers ma critique de la série publiée sur IGN où je me permets d’être un peu plus bavard.

Ils sont partout ces bretons

Les Carnets de l’apothicaire – Saison 2

L’achèvement – temporaire, la série étant déjà promise à une saison 3 – des aventures animées de Mao Mao, cette nerd des poisons, vient avec quelques éclaircissements sur mon rapport à cette adaptation. Déjà, ça confirme une impression que j’avais sur la saison 1 : j’adore son cadre historique, la manière dont on est immergé dans cette pseudo-Chine impériale qui ne dit pas son nom. Et c’est fait au travers d’une panoplie de personnages tous plus chouettes à suivre les uns que les autres. Le charisme, ce n’est pas une denrée qui manque par ici.

Ainsi, j’ai continué de grandement apprécier de nombreux moments partagés entre les personnages, notamment Mao Mao qui a décidé de devenir la tsundere la moins convaincante de l’histoire (tu te soucies du sort des autres car ce sont tes amies bon sang !!!!!). C’est affectueux comme remarque, car c’était un bon développement du personnage. Super dynamique avec la nouvelle venue, Shisui, qui me permet de débloquer un nouveau ship. Bravo à elles.

Deux joyeuses lesbiennes derrière lesquelles rode un intimidant eunuque avec Jinshi. Blague à part, on continue d’en apprendre sur son personnage, mais c’est surtout sa romance avec l’apothicaire qui prend de l’ampleur. J’appréciais jusqu’à présent leur dynamique, mais certaines scènes m’ont un peu tendu, en particulier sur la fin où le jeune homme mise un peu trop son love langage sur un forcing très lourd. J’espère que ça sera mieux dosé par la suite, voire adressé, mais pour l’instant la série romantise un peu trop ça (ou n’en fait que de l’humour). Même si c’est en partie cohérent avec le vécu du personnage, ce type d’écriture tend un peu trop à valider ce genre de comportements.

48 épisodes (dont 24 de la saison 2) – Crunchyroll & Netflix

Plus généralement, la narration continue de me perdre régulièrement d’une part avec une mise en scène peinée à appuyer des moments importants. Rendant certaines révélations majeures étranges car j’ignore si c’est balancé casuellement ou si c’était déjà connu avant. L’hypothèse que je sois juste stupide n’est pas à exclure non plus. La baisse en régime de cette suite n’y aide pas, avec une production bien plus modeste. Ça reste joli, mais on perd les belles envolées des débuts. À espérer que la saison 3 sera produite sous de meilleurs auspices, quitte à patienter plus longtemps (plutôt qu’un ridicule gap de un an).

Bref, Mao Mao reste cool, son histoire aussi et il me reste à voir si je prends le temps de me mettre aux romans avant le retour de l’anime.

The Dinner Table Detective

Ce serait vache de dire que la série tient essentiellement aux performances géniales de Kana Hanazawa et de Mamoru Miyano pour offrir un duo d’inspecteurs de police délicieusement chaotique mais… ça serait sacrément vache car c’est juste pas le cas.

Evidemment, les performances de son casting 5 étoiles subliment la série et rend délectable la moindre interaction entre ses personnages. On peut regretter que Mamoru Miyano fasse davantage du Mamoru Miyano en termes d’acting, mais difficile de le voir proposer autre chose pour un rôle qui semble presque écrit pour lui tellement la combinaison est évidente. Si entendre le doubleur jouer l’immense abruti trop fier de raconter des conneries comme il le fait si bien, alors wow venez car là, c’est buffet à volonté.

Dumb & Dumber (mais ils font de leur mieux) / 12 épisodes – Prime Video

Mais le sel de la série passe surtout par son écriture et, malgré son genre policier, c’est du côté de la comédie qu’elle se remarque le plus. Car c’est drôle. Car on a donc un personnage Mamoru Miyano-core qui fait le con, le personnage de Kana Hanazawa qui offre une superbe dynamique avec cet énergumène. Celle-ci a également de nombreux échanges savoureux avec son majordome, personnage discret mais vrai troisième pilier du récit puisqu’il est la tête pensante qui résout tout. Et c’est hilarant de le voir aider sa maitresse (oui l’inspectrice jouée par HanaKana est en fait une fille de riche mais elle le cache pour son taf, bref) en la traitant constamment d’idiote de façon relativement subtile (affectueusement).

C’est marrant, très marrant même et je retiendrai surtout la série pour ça. Ça trahit un peu le niveau du reste, que je ne qualifierai pas de mauvais (ce serait très excessif) mais plutôt d’assez moyen ou seulement bon. Ce n’est pas spécialement inventif dans ses enquêtes ni dans la manière de les raconter. Il y a de chouettes idées visuelles, notamment la DA qui arbore des aplats de couleurs qui font un peu vintage, même si je ne saurais pas trop le dater (disons années 60-70, peut-être). J’ai l’impression de terminer sur une note un peu négative alors qu’en vrai j’ai passé un excellent moment. Grosse recommandation, surtout si vous êtes friand de série policière un peu goofy ou étonnamment drôle.

Envie d’avoir le flow de cet opening

Food for the Soul

Production originale du studio P.A. Works, sous la direction avisée d’un tandem Atto et Shinya Kawatsura, respectivement mangaka et réalisateur de Non Non Biyori, Food for the Soul se présente entre de bonnes mains. Ajoutez même le compositeur Hiromi Mizutani, là aussi déjà présent sur l’adaptation de la tranche de vie campagnarde d’Atto.

Le concept de la série, pourtant, ne paye pas de mine : des étudiantes forment un club, davantage pour pouvoir flemmarder que par un réel intérêt d’activité. Mais au milieu d’entre elles, il y a Mako Kawai1, qui adore manger (et cuisiner) de bons petits plats, ce qui va naturellement amener la thématique principale de la série : la bouffe.

me_irl / 12 épisodes – Crunchyroll

Des séries du genre avec ce même concept, il y en a déjà eu des tonnes, mais Food for the Soul peut heureusement compter sur l’expérience de ses créateurs pour offrir quelque chose de bien rôder. Les personnages, malgré des personnalités déjà bien revues, fonctionnent bien ensemble avec de bonnes dynamiques et une belle variété de relations (amies d’enfances, nouvelles connaissances…). Une inégalité dans le point de départ de leurs relations qui est justement utilisé à quelques reprises.

Même sans chercher à être très original, il y a des tropes à l’exécution très bien faite, comme Nana, la fashion anxieuse socialement qui fait une simili-Bocchi génialement chaotique. J’aime bien aussi quand on a droit à différentes nuances d’introversion, puisque Mako est, elle aussi, du genre timide, ce qui s’exprime différemment de sa camarade. Le groupe devient rapidement attachant et on apprécie de passer du temps en leur compagnie.

Chose rare dans ce type de série, les héroïnes sont des étudiantes à la fac. En première année, certes, mais cela les situe davantage dans le rang jeunes adultes que l’habituel créneau adolescent. Dommage que cet aspect se ressente finalement assez peu dans le résultat final, malgré quelques passages inhérents à leur âge (notamment tout ce qui est lié à la conduite). Le character design, aussi, fait vite oublier que l’on ne suit pas des adolescentes. Il est très joli, en soi, portant bien la patte d’Atto, mais sa vocation à jouer sur le côté mignon fait paraitre ses personnages plus jeunes qu’elles ne le sont.

Mon perso préféré c’est celui en train de mourir à l’arrière là

Enfin, pour le côté cuisine, on reste sur de l’élémentaire. J’apprécie d’avoir droit à quelques recettes « d’étudiantes » autant simples à faire que peu chères en ingrédients. Il y a un peu variété dans la façon d’expérimenter la nourriture entre copines, comme tester des restaurants locaux, même si cela reste rare. Finalement, la cuisine constitue surtout un fil rouge thématique assez léger pour lier ensemble tout un tas de bons moments que vivent ensemble de jeunes étudiantes.

Cela peut être interprété comme un aveu de faiblesse de Food for the Soul pour user pleinement de son concept, mais je préfère voir le verre à moitié plein en ayant passé un excellent moment à chaque épisode avec d’amusants personnages. L’autre thème du titre, plus discret, étant justement les bons souvenirs que l’on s’est fait dans le passé, ceux que l’on peut se faire maintenant et ceux que l’on pourra se faire à l’avenir. Là-dessus, ça marche plutôt bien. Et même sans verser dans cette perception plus philosophique de la série, il faut souligner une chose importante : bah c’était sacrément sympa quand même.

L’ending le plus good vibes de l’année

The Gorilla God’s Go-To Girl

La série est dans la pure veine de tous ces animes de fantasy, parfois isekai (ce n’est pas le cas ici) avec un protagoniste surpuissant pour une raison plus ou moins random. Dans le cas de notre héroïne, Sophia, c’est plutôt dans le côté très random du spectre qu’elle se retrouve au sommet de la hiérarchie de puissance de son monde en recevant la bénédiction du Dieu Gorille. Son pouvoir ? Elle tape fort 👍🏻 (et elle a un gorille qui apparait régulièrement derrière elle en mode stand de JoJo’s, ce qui est absolument exceptionnel).

Bon, là je pense que le pitch a déjà tout dit. On est sur une série gentiment absurde comme il faut, ponctuée d’une romance principale basique mais mignonne et d’intrigues d’école de chevaliers où l’héroïne devra faire avec ses capacités improbables et l’attitude pas toujours très sympathique de ses camarades.

C’est visuellement assez modeste, même si je dois dire trouver le chara design particulièrement charmant. Rien de bien surprenant sinon, il y a tout de même plusieurs moments assez drôles et c’est à peu près tout ce que j’attendais d’une telle série. Forcément, mes exigences ne sont pas bien hautes sur celle-ci, mais il n’empêche que chaque épisode s’est avéré être une expérience agréable, ce qui est déjà pas mal.

Sinj bagarre / 12 épisodes – Crunchyroll

Ma seule frustration, c’est qu’on a des antagonistes révolutionnaires aux revendications franchement pertinentes, mais dont la teneur est vite expédiée par une intrigue qui se concentre trop sur le reproche de la violence de leur méthode. C’est toutefois une critique valable pour à peu près toutes les séries avec ce genre d’univers où le pouvoir hégémonique est contesté sans trop que cela soit particulièrement développé. Bref je chipote car c’est clairement pas l’ambition du titre que de proposer une réflexion socio-politique sur les inégalités sociales, même si l’idée de voir l’héroïne virer full anti-royaliste n’aurait pas été déplaisante.

Je suis sacrement bavard sur cette série alors qu’à la base je pensais que mon avis se résumerait à « bravo singe 👍🏻 ». Mais en vrai globalement c’est ça, bravo singe et bravo Sophia qui a pécho l’écureuil tout en cassant des bouches.

Sinj approved

Lycoris Recoil -Friends are thieves of time.-

Une série de 6 épisodes spéciaux de 4 minutes sur les personnages de la série en guise d’amuse-bouche pour patienter à ce que la suite sorte (un jour, peut-être, en espérant que la production soit moins chaotique cette fois). Pas grand-chose à en dire, c’est joli, rigolo et on apprécie de retourner un cast franchement attachant, surtout la ✨ complicité ✨ de Chisato et Takina (elles sont amoureuses on sait faites pas genre). Au moins les très courtes histoires offrent un niveau moyen plus élevé que celles des anthologies manga disponibles chez Panini (et j’ai tout acheté car je suis un pigeon quand il s’agit d’un ship que j’aime bien).

Quand ton ship blush ensemble c’est qu’il est canon c’est la règle / 6 épisodes de 4 minutes – Crunchyroll

Maebashi Witches

Il est facile de passer à côté de Maebashi Witches puisque, sur le papier, cela ressemble à un énième projet de media mix où un anime sert de support promotionnel à de la musique et au groupe formé pour l’occasion. Et s’il transparait déjà de son premier épisode une écriture séduisante marquée par des répliques bien senties, le tout garde une allure bien classique : cinq héroïnes sont réunies arbitrairement pour devenir apprenties sorcières et réaliser des vœux grâce à la magie. Ah, et elles sont assistées par une petite mascotte plus agaçante que mignonne, évidemment.

Autant dire qu’avant et même après l’épisode 1, je n’étais pas très convaincu par cette proposition. Et pourtant ! Sans vendre un twist de fou furieux, je suis si content d’avoir persévéré un tout petit peu et découvrir l’une des séries à l’écriture la plus riche et interessante de cette saison. Dès l’épisode 2, Maebashi Witches fait preuve de beaucoup plus de nuances dans son récit tout en abordant des sujets rarement vus en japanime, et encore moins avec une telle justesse !

Le groupe vit bien / 12 épisodes – Crunchyroll

Le plus agréablement marquant reste son traitement du surpoids et comment c’est vécu différemment par deux personnages. Des façons de vivre ce complexe qui diverge, mais que la série prend le soin de valider autant l’une que l’autre. C’est sacrement rafraichissant dans un médium qui a l’habitude de traiter le surpoids comme une bête question de gestion de régime (généralement en impliquant des personnages qui ne sont même pas réellement en surpoids).

Maebashi Witches se montre très consciencieux des sujets qu’il aborde, prenant le soin de pointer toute la complexité de chaque situation. Au final, la série est bien consciente de la naïveté de son propre concept. Elle en joue pour montrer que la résolution du drame de chaque héroïne n’a rien d’évident, mais reste néanmoins faisable. Surtout, elle sait garder un optimisme sincère et encourageante plutôt que tomber dans de la mélancolie moralisatrice un peu trop cynique. Une pointe de naïveté assumée par la série pour davantage tirer ses personnages vers le haut, une qualité que j’apprécie énormément.

Une écriture de fond appuyée par une exécution assez maitrisée dans l’ensemble. C’est visuellement bien travaillé, entre une direction artistique très colorée et pétillante qui marque d’autant mieux les basculements de ton plus sérieux. Puis il y a son groupe de cinq héroïnes et leur agaçante mascotte grenouille aux interactions rigolotes avec des dynamiques bien rodées dont l’évolution s’apprécie franchement à mesure que l’histoire progresse. Quel plaisir aussi de nous avoir offert Azu, immense rageuse aux remarques bien piquantes dont le génie de la série aura été d’aborder sa backstory dès l’épisode 2, permettant de profiter au mieux de son sens de la réplique si aiguisé tout en sachant pourquoi elle a obtenu un caractère si tranché.

Miom miom (elle est silly)

Un de mes chouchous de la saison que je vous enjoins à essayer, au moins jusqu’à l’épisode 3. Un anime à l’écriture bien plus fine que pouvait le suggérer son entame (et c’est même adressé plus tard dans le récit !). Puis il transparait de la série une franche énergie féminine dans la mesure où l’on sent que c’est une œuvre produite par des femmes (notamment la scénariste Erika Yoshida et la character designeuse Nozomi Tachibana appuyée par la styliste Miki Aizawa pour les tenues des personnages) pour un public féminin (en l’occurence des adolescentes, même si la plupart du récit reste sûrement accessible pour des enfants). Oh et il y a une des MC qui est canoniquement très stupide et c’est pour ça qu’on l’aime, bravo à elle.

Mono

Adaptation d’un manga d’Afro, le mangaka derrière Au Grand Air (Yuru Camp). Après l’iyashikei de camping, l’auteur s’attaque au thème de la photographie. Et de la vidéo. Et du tourisme culinaire. Et du surnaturel. Et d’à peu près tout ce dont il a envie en réalité.

Mono a un côté vrac que je trouve très attrayant par ce qu’il permet en flexibilité pour l’histoire. En contrepartie, ça rend la série plutôt modeste sur ses thématiques d’origine (la photographie et la vidéo) qui sont finalement pas omniprésentes. Parce qu’à la base, il s’agit tout de même de suivre les membres du club de photovidéo à la recherche de sujets à photographier et filmer. Ajoutez une mangaka casanière, sa pote motarde et vlogueuse, un gros chat mystérieusement voyageur ou encore une mangaka spécialisée dans l’horreur, et vous obtenez le cocktail improbable mais génial de Mono.

Yuriception / 12 épisodes – Crunchyroll

On suit donc les personnages faire des activités plus ou moins randoms, entre repérages pour un manga et rallye des restaurants de la ville. Une liberté de vagabonder pour la série qui invite à se laisser embarquer avec elle dans ses délires. Et ça marche ! Mono propose tout le plaisir d’une longue balade improvisée sur le tas. Je retiens la prouesse du premier épisode qui réussit à condenser en seulement dix minutes toute une année de lycée pour introduire l’héroïne, son passif au club tout en lançant déjà les autres personnages et les premiers gags.

L’anime a également la chance d’avoir une production aux petits oignons. Il faut remercier le staff du tout jeune studio Soigne (dont c’est la première production) qui a pu laisser s’exprimer tout le talent de ses animateurs. Résultat, l’anime respire la vie, avec une direction artistique joliment colorée et un chara design faisant la part belle au côté plus goofy/cartoon que donne Afro à ses personnages. Jusque dans la manière de mettre en scène les escapades de ses héroïnes, pour mieux faire ressentir les environnements et paysages qu’elles visitent. Les effets panoramiques et autres fish-eye appréciés de l’auteur sont au rendez-vous, mais pas que, l’anime jouant à foison avec les libertés permises par le médium pour être toujours plus inventif dans sa réalisation.

Créatures

Sans surprise, il s’agit d’un de mes coups de cœur de la saison. Un bon rappel également de ce que peut apporter une production ambitieuse à de la tranche de vie, un genre qui ne profite pas toujours des meilleurs égards à ce niveau.

A Ninja and an Assassin Under One Roof

Mon principal reproche à A Ninja and an Assassin Under One Roof (ou Ninkoro) est simple : la série a beaucoup de mal à se doser, surtout sur sa première moitié. Le titre est globalement porté par un humour très shitpost absurde qui fonctionne généralement assez bien sur moi, mais qui ici laisse passer trop de détails assez désagréables (en particulier sur la relation entre les deux protagonistes).

En résulte qu’une des deux héroïnes apparait particulièrement antipathique à un point suffisamment élevé pour que j’hésite à drop en cours de route. Avec évidement en point d’orgue celui sur « Roboko », terriblement frustrant à voir. Et, ok, dans l’idée, il y a une vraie envie de montrer le personnage de Konoha comme fortement insensible pour mieux montrer son évolution après. Mais il y a une manière de le faire sans qu’on finisse par détester sincèrement le personnage derrière, et ça Ninkoro a vraiment beaucoup de mal pour y parvenir.

Le drip de fou / 12 épisodes – Crunchyroll

Heureusement, la seconde moitié relève bien le niveau (juste après un épisode étrange sur des…énormes seins…). La relation entre Satoko et Konoha s’adoucit, il y a davantage la place pour de la tendresse et l’humour se dose mieux pour moins donner l’impression de s’acharner gratuitement sur la ninja. Ce genre de basculement me donne l’impression que dans le manga d’origine, l’auteur n’avait pas prévu de développer le récit à ce point au-delà de son humour très con, et qu’il lui a fallu du temps pour trouver son équilibre entre ses absurdités et raconter une véritable histoire.

Alors ça vaut le coup, peut-être, de se forcer un peu pour Ninkoro. Enfin je ne vais pas trop le descendre non plus, j’ai aimé mais je sais aussi que j’ai une certaine tolérance en plus d’être bon client de ce type d’humour (malgré qu’ici c’est parfois de trop). Attention à la pléthore de chara designs particulièrement beaufs et la mise en scène qui aime bien appuyer par moments certains détails inutilement horny (la nouvelle tenue de Satoko est un désastre). D’ailleurs à l’animation c’est Shaft, studio qui semble essayer de sortir de sa léthargie depuis quelques temps et que j’ai retrouvé avec une certaine sympathie, même s’il ne s’agit clairement pas de leur prod la plus mémorable.

Bref, pour tenir le coup, faites comme moi et venez pour la ninja gentiment bête et restez pour les (grosses) miettes de yuri.

J’aime beaucoup trop l’ending et son côté très catchy

Once Upon a Witch’s Death

Un de mes chouchous de la saison. Déjà pour son héroïne et sa gremlin énergie en puissance absolument intenable, en particulier sur la première moitié. Elle donne un ton vivifiant à la série alors que son concept (l’héroïne doit récolter des « larmes de joie » pour éviter de mourir d’une malédiction sous un an) promet davantage de mélancolie. Pas très certain de soutenir toutes ces sorties parfois vraiment très beaufs, et dommage qu’on sente une peu de queerbaiting dans le fond. Meg Raspberry, t’es sacrement douteuse mais on t’aime bien malgré tout.

Aussi, j’ai beaucoup apprécié la manière dont est construit l’univers de la série. C’est un mix d’un monde de magie avec notre société actuelle, notamment par l’implication d’enjeux environnementaux forts. Pour faire simple, l’énergie magique de la planète se dérègle suite aux activités humaines et menace de catastrophes toujours plus graves. Leur dérèglement climatique à eux, en somme.

Le meme avec Scorcese là / 12 épisodes – Crunchyroll

Déjà, ça donne à la série une ambiance qui lui est assez unique puisque généralement les mondes de magie préfèrent des périodes moins contemporaines. D’autant que la (petite) ville servant de cadre pour 80% de l’histoire offre un joli environnement rural. Ce n’est pas toujours réalisé avec la plus grande finesse, et ce mélange de société moderne et magique parait parfois un peu surfait, mais il y a le mérite de tenter quelque chose d’original tout en touchant tout de même juste assez souvent.

J’ai à peu près la même remarque à faire pour la production qui semblait parfois ne pas avoir les moyens de ses ambitions. Il y a de belles séquences, mais l’animation ne suit pas toujours tout comme la mise en scène, souvent trop plate. Je retiens tout de même de beaux décors et aussi un character design très expressif, en particulier pour Meg. Ça se rapproche pas mal de ce que propose la version manga du récit (il s’agit d’un light novel à la base) et le style de Kenu Amearare qui est très particulier au départ, mais s’avère pétillant par l’extreme énergie cartoon qu’il renvoie. Si on pouvait avoir au moins cette version de l’œuvre en France pour peut-être poursuivre les péripéties de cette chaotique sorcière qu’est Meg, j’en serais ravi !

Shoshimin – Saison 2

J’avais déjà largement apprécié la proposition de Shoshimin sur sa première partie. Son duo apathique mêlé malgré eux à résoudre des petits mystères du quotidien (comme : mais comment qu’il a fait pour préparer son chocolat chaud sans casserole ??) était une excellente formule. Et même si, sur le papier, la tentation était forte de la comparer à Hyouka, s’agissant dans les deux cas d’adaptations de romans écrits par par Honobu Yonezawa, Shoshimin parvient à installer son propre ton, son propre style tout en gardant le charme de l’écriture de son créateur.

Cette suite n’y déroge pas et parachève même d’instaurer tout ce qui fait le charme de Shoshimin en tant que tel. Côté face, on perd le charme des mystères surgissant du quotidien en se prenant beaucoup trop la tête pour des choses très anodines, mais amusantes. Cela dit, c’est un changement qui s’amorçait déjà avec la fin de la première saison, donc cette évolution n’est pas si surprenante.

L’équivalent humain de la bombe nucléaire vient de s’acheter un pudding / 22 épisodes (dont 12 de la saison 2) – Crunchyroll

Côté face, on obtient une série de mystères définitivement haletante à sa manière. On multiple, raisonnablement, les personnages et on augmente l’ambition des enquêtes (et leur longueur, aussi, cette suite n’en proposant que deux). C’est plus sérieux, avec des enjeux plus dramatiques (davantage que « mais qui a piégé le gâteau avec de la moutarde ? ») et des relations plus tendues et mystérieuses dans les intentions de chacun.

Brillante idée, par exemple, de basculer durant un temps de point de vue principal, passant de Kobato à Urino, tête brulée du club de journalisme. C’est un basculement qui fait autant sens dans la situation des protagonistes à ce stade de l’histoire qu’un changement rafraîchissant tant le personnage n’a rien à voir avec son prédécesseur dans l’énergie qu’il renvoie. On continue d’avoir une fascinante Osanai, toujours petite, toujours gloutonne et toujours dangereusement terrifiante. Un personnage assez imprévisible et énigmatique pour se prendre beaucoup trop la tête sur ses réelles intentions.

La mise en scène reste superbe, sobre mais inventive pour exposer aussi bien les réflexions des protagonistes que leurs joutes verbales. Ça glisse sciemment des détails ici et là, suffisamment pour qu’on se prenne la tête en hypothèses. La série est toujours très bavarde, mais entre sa réalisation efficace et des dialogues brillamment écrits, ça passe tout seul. Je ne compte pas les fois où j’ai terminé un épisode en me disant « c’est déjà fini ?? ».

Quoique différente, cette seconde saison tient toutes ses promesses et même plus encore. Ce virage plus sérieux devient parfois un peu trop grave, mais c’est bien mon seul reproche à une suite qui conclut la création de son propre style narratif. Brillant dans sa construction, surprenant jusqu’au bout, le développement dont profitent Kobato et Osanai réussit à donner de la profondeur à des protagonistes restés bien mystérieux jusque là. Je le redis, mais la comparaison à Hyouka est particulièrement injuste sur les nombreuses différences que comptent finalement les deux séries. Il y a des gimmicks de l’auteur qui reviennent, mais au-delà chacun propose sa propre vision bien à elle.

Bref, c’était trop bien, immense coup de cœur. Donnez pleins de gâteaux à Osanai (car elle est rigolote et dangereuse)

Je vous laisse avec l’opening de ce second court basé sur le morceau Kaseijin de Yorushika et réalisé par Kyouhei Ishiguro. Un génial mélange de styles avec 100 idées à la seconde.

La Sorcière invincible tueuse de Slime depuis 300 ans – Saison 2

Suite d’un isekai/tranche de vie de 2021 que j’avais trouvé fortement sympathique, on prend les mêmes et on recommence. Il s’agit toujours de suivre la petite de la sorcière Azusa, réincarnée et devenue surpuissante à force de XP quotidiennement des slimes pendant 300 ans. Le titre est assez explicite là-dessus. Au fil du temps, de nouveaux personnages viennent se greffer à son quotidien de moins en moins calme mais toujours plus chaleureux.

Et…globalement cette saison 2 refait vraiment la même chose. C’est rigolo, assez bon enfant et le changement de staff se fait relativement peu sentir dans la qualité visuelle. Deux problèmes ressortent toutefois de cette suite, à commencer par sa capacité à se renouveler. Le récit continue de multiplier les nouveaux personnages secondaires d’une série au casting déjà fortement doté. C’est assez faible manière pour renouveler un récit, surtout quand tu peines derrière à donner de l’espace à tous ceux déjà présents (dans la bande « principale » j’entends) et que les nouvelles têtes ne sont vues qu’un seule épisode (si ce n’est moins). Difficile de leur donner un minimum d’épaisseur pour les rendre un peu mémorables.

Moi dans Stardew Valley quand j’ai pas réussi à atteindre mon lit passé 2h du mat’ / 24 épisodes (dont 12 de la saison 2) – Crunchyroll

En outre, j’ai trouvé certaines histoires un poil douteuses. En particulier toute le délire de mariage sororale, l’épisode où Sandra (le « vrai » nouveau personnage de la saison) grandit subitement ou encore la MC qui développe un étrange RP avec une déesse qu’elle appelle « maman ». Ce n’est pas forcément la foire au malaise, mais cela commence à toucher à des tropes plutôt douteux et, vu les autres écrits de l’auteur du LN d’origine, j’aurais plutôt tendance à rester méfiant. On n’est pas au point que la série devienne systématiquement un mauvais moment à passer non plus. C’est juste un peu moins enthousiasmant que sa bonne première saison, plus plat dans l’exploitation de son concept et prévisible, avec quelques irruptions de mauvais gouts.

ZatsuTabi -That’s Journey-

Dernière belle tranche de vie de la saison, ZatsuTabi joue à fond la carte du tourisme avec une protagoniste qui se balade un peu partout au Japon. Laissant le choix de ses destinations à la beauté du hasard (via des sondages d’un simili-Twitter), elle vagabonde seule ou accompagnée dans des lieux touristiques plus ou moins classiques (comme les fameuses « trois vues les plus célèbres du Japon » / « Nihon sankei »).

La série fait ainsi visiter un paquet d’endroits avec une précision impressionnante pour rendre fidèlement chaque environnement, de leurs atmosphères aux activités à faire sur place. On découvre les paysages locaux, certaines traditions associées et, évidement, une bonne part de la gastronomie du coin. L’anime n’est pas là pour calmer les pratiques de tourisme inspiré d’anime (le Seichi Junrei), l’incitant même au maximum en donnant clairement tous les détails nécessaires pour visiter les mêmes lieux que l’héroïne.

Hum encore de très bonnes amies ça je reconnais / 12 épisodes – Crunchyroll

Niveau production, la principale qualité de l’anime tient en la maitrise de sa photographie qui fait souvent mouche pour émerveiller avec ses déambulations touristiques. L’immersion est entièrement réussie grâce à la qualité des décors, somptueux de réalisme et fourmillant de détails. Les ambiances sont également bien rendues, notamment dans la gestion de la lumière et de ses couleurs. Il y a la scène du premier lever de soleil à la fin de l’épisode 9 en exemple parfait, mais même sans elle, il n’était pas rare que la série me laisse bouche bée par sa capacité à présenter ses paysages sous leurs plus beaux jours.

Entre ces balades déjà bien sympathiques, la série étaye la vie de sa protagoniste avec d’autres personnages aux caractères bien marqués et démontrant de bonnes alchimies avec elles. Et de développer la vocation de l’héroïne à devenir mangaka professionnelle, chose pour laquelle elle est à la peine. Chaque voyage est ainsi l’occasion pour elle de se vider l’esprit, chercher l’inspiration ou simplement passer du bon temps avec son entourage dont on découvre aussi leurs propres peines et inquiétudes. Tout cela s’intègre naturellement dans le narratif touristique du titre et lui donne une épaisseur bienvenue. Enfin, il est bon de préciser que le cast est majoritairement adulte (hormis une ancienne camarade de l’héroïne qui est encore au lycée). C’est du détail, mais les tranches de vie avec un casting adulte restent suffisamment rares pour être soulignées et appréciées.


C’est tout pour ce looooong bilan où j’ai été très bavard (c’est mon blog je peux me le permettre ici donc j’en profite, hé). Place maintenant à la saison de l’été et ses belles promesses comme City ou Secrets of the Silent Witch. Comme pour l’hiver et le printemps, je tiendrai sûrement un thread de mes premières impressions une fois quelques épisodes passés. Le tout sera à retrouver sur mon compte Bluesky et mon compte Mastodon.


  1. Je trouve d’ailleurs amusant que son nom ressemble à une syllabe près à celui de Makoto Kawai, la mangaka derrière Koufuku Graffiti, autre tranche de vie culinaire. ↩︎
L’article est fini et je n’ai pas parlé de visières de bains 😞 (Apocalypse Hotel)


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