La sphère créative de la japanimation connait plusieurs fléaux. Les soucis de production, récemment mis en évidence par l’épisode 5 de Dragon Ball Super1, le fanservice à coup de boobs comme dans le regrettable Fairy Tail et enfin le moe2.
Le but du moe est simple, vous faire apprécier des personnages par de multiples moyens, le plus connu étant l’usage du mignon3. Cela a amené à plusieurs animes à être détestés par certains, notamment K-ON !, car ils jugent – à raison comme à tort – que ces oeuvres n’ont de valeur que leur degré de mignon. Apparait alors l’appellation de « moeshit » caractérisant la plupart de ces oeuvres jugées de fait stupides et vides.
Sauf que juger aussi facilement un ensemble d’oeuvres est une bien triste chose. Certaines oeuvres sont bien plus complexes que la cruelle appellation « moeshit » peut laisser supposer. Par exemple, K-ON ! fait preuve de nombreuses qualités en terme de réalisation. Mais au lieu de défendre le diable (dieu sait que K-ON ! peut être haï), nous allons voir ici deux oeuvres qui sauront prouver que le terme de « moeshit » est loin d’être universel. Que l’opposition entre l’adorable Kiniro Mosaic et Non Non Biyori commence !

Réalisation
En terme de réalisation pure, il est assez drôle de voir que Non Non Biyori surpasse assez aisément d’autres oeuvres. Et pour cause, la série bénéficie d’un soin très appréciable.
Elle sait parfaitement poser une ambiance calme et relaxante, collant idéalement au cadre campagnard où elle prend place. Afin d’y parvenir, l’oeuvre utilise des décors d’excellentes qualités. Minutieusement composé, chaque plan est un régal pour les yeux. Cette qualité passe par un soin à la composition de nombreux éléments, comme la salle de classe dotée d’excellents petits détails qui, aussi petits soient-ils, sont justement essentiels à la réussite des décors. Un petit cours d’eau, de vastes champs ou un ciel étoilé, Non Non Biyori sait varier ses décors tout en conservant sans cesse une qualité irréprochable dans leur conception. De temps à autre, l’utilisation de plans larges permettent de faire ressentir au mieux l’immensité de la campagne où évoluent les personnages. En plus des décors, les lumières sont aussi à saluer. Tout d’abord car elles remplissent parfaitement leur job concernant l’heure de la journée (surtout les couchers de soleil) mais surtout car elles sont d’une excellente qualité lors de scènes nocturnes ou même certaines en intérieur. Également, il est à noter que l’animation ne s’encombre que de très peu d’effets visuels. Probablement pour une question de budget mais aussi pour conserver le cadre calme de la série. Enfin, il est à noter que les tenus des personnages sont toutes sympathiquement élaborées, correspondant toujours au caractère et surtout âge de chacun. Les détails je vous dis.
Tous ces éléments participent à l’une des qualités majeurs de cette oeuvre : avoir une ambiance excellente. Le cadre campagnard est parfaitement posé avec ses sublimes décors et sa lumière toujours bien maitrisée. Les personnages y évoluent avec aisance, maitrisant leur monde. Avec ses plans larges et son rythme lent, tout est fait pour que le spectateur se relaxe devant l’oeuvre. Une telle qualité a cependant un prix, et si ses décors sont splendides, Non Non Biyori pèche par moments dans le dessin de ses personnages. Parfois un peu brouillon, ces défauts restent assez minoritaires par rapport aux magnifiques plans offerts par l’anime. Malgré tout, la série prouve que sa réalisation est travaillée autant visuellement que réfléchie. Assez fort, pour une série ne montrant que des enfants au travers de leur quotidien campagnarde banal.

En comparaison, Kiniro Mosaic parait bien triste. L’animation est, avant tout, assez rudimentaire voire minimale en ce qui concerne la saison 2. Les décors sont eux aussi d’une simplicité presque navrante, loin de s’élaborer autant. Une quelconque ambiance est beaucoup moins présente dans la série. D’ailleurs, Kiniro Mosaic fait un usage assez régulier de plans fixes, ce qui deviendra assez flagrant avec sa seconde saison.
Le seul élément réellement propre à l’anime se trouve au niveau de la colorisation. Avec ses couleurs pastels, la série tend véritablement vers une ambiance « kawaii desu nee » qui est un véritable point essentiel ici. Et pour continuer à creuser vers les points positifs de la série, ses expressions sont pour la plupart amusantes et variées.
Et c’est malheureusement tout ce qu’il y a à dire sur la réalisation de Kiniro Mosaic. D’un niveau très basique, la réalisation détache davantage de défauts que de qualités. Dès que l’on commence à s’intéresser à la réalisation, Kiniro Mosaic rend une copie presque blanche avec quelques gribouillis. Incapable de donner une réelle ambiance à ses épisodes, usant de décors beaucoup trop basiques, la série rend un service strictement minimum. Elle échoue dans la mission capitale qu’est de se donner un style. Inutile d’aller plus loin, il n’y a rien à voir. La réalisation de Kiniro Mosaic est presque vide, inexistante, transparente. Aucun effort n’est fait pour la série.

Histoire et personnages
Il est assez comique de parler de scénario pour un anime de vie quotidienne, qui plus est campagnard. Par exemple, comment penser qu’un anime vous montrant des filles qui jouent avec leurs règles durant la pause scolaire n’est pas du tout ennuyeux ? C’est la magie de Non Non Biyori.
Chaque épisode possède des « péripéties » d’une terrible banalité. Allant du nettoyage de la piscine à la promenade en après-midi (quand ce n’est pas juste une après-midi pluvieuse enfermé chez soi), la série ne cherche clairement pas à surprendre. Et pourtant, l’oeuvre n’ennuie jamais son spectateur. C’est notamment dû au fait que les personnages ne laissent pas un seul instant de répit et parlent constamment. Plus important encore, chaque réplique est pensée pour faire mouche, ne faisant jamais tourner une conversation en rond. La narration aborde ainsi la vie quotidienne et banale de ses personnages avec un angle en permanence intéressant.
Surtout, la série ne se limite pas à un monde tout rose. Quelques instants de la série, certes assez rares, tendent vers de petits drames qui, sans être au niveau d’un Clannad, réussissent à largement étoffer l’univers et les personnages de la série. Plus fort encore, la série sait parler avec élégance de l’enfance, du regard que celui-ci peut porter sur le monde qui l’entoure ou au contraire ceux qui l’entourent et le côtoie. C’est au travers de Renge (un des meilleurs personnages de la série) que cette thématique de l’enfance sera le plus abordée.
Justement, ce sont les personnages qui constituent une autre grande force de la série. Chacun possède un caractère et une manière d’agir en accord avec son âge (notamment visible avec Renge). Fait d’ailleurs surprenant, Renge est loin d’être insupportable malgré son âge. Et dieu sait qu’un gamin sait être horripilant. Les personnages sont variés, se complétant les uns aux autres. Certains sont la reprise simple de clichés connus (Natsumi comme la cancre casse-cou) alors que d’autres savent donner un petit peu d’air frais, tel que Renge ou Kaeda4. Avec leurs caractères étoffés, la série sait se montrer passionnante même sans rester avec le quatuor de base.
Et c’est là que Non Non Biyori sait être très fort. Son écriture est loin d’être clichée, sachant se varier et surtout être de qualité. Alliée à ses personnages, la série se montre redoutable sur ce point.

D’apparence, Kiniro Mosaic n’a pas de réels atouts sur ces points-là. Ses personnages sont majoritairement clichés ou pire assez vides (Shinobu se caractérise uniquement par son amour des blondes). Malgré tout, ils savent être sympathiques et surtout appréciables. Ils se contentent juste d’être et de rester leurs clichés (Youko la garçon manqué, Aya la bonne élève sainte-nitouche…). Chose qui, si ce n’est d’être terriblement simple, n’est pas nécessairement un défaut. Surtout, la série possède un personnage qui sort énormément du lot, au point même d’être plus importante que le duo principal. Karen Kujou, tel est son nom, apporte beaucoup à la série. Ses expressions et sa vivacité apportent beaucoup de vie et d’humour à la série. Son personnages, sans être exceptionnel, est capital pour Kiniro Mosaic sans qui l’anime semblerait tout de suite bien plus terne.
Cependant, les relations entre les personnages sont globalement trop lentes (quand elles n’évoluent tout simplement pas). Le duo Shinobu-Alice, malgré quelques différents, ne propose pas grand chose. Ceux des personnages secondaires sont eux d’un vide sidéral presque désespérant. Mais, un duo sort du lot, celui de Aya-Youko. Sans non plus bénéficier d’une évolution exceptionnelle, ce dernier a certainement connu la plus forte évolution au cours de la série. Un élément appréciable, surtout qu’Aya est l’un des personnages les plus populaires (car elle possède notamment l’un des caractères les plus étoffé de la série également).
Concernant l’histoire, c’est de nouveau assez triste. Les épisodes sont composés, au choix, de gags et de situations diverses et variées majoritairement divertissantes mais qui vont rapidement s’essouffler. Cela deviendra plus flagrant dans la saison 2 qui, en plus d’être techniquement en dessous, est nettement moins inspirée que la précédente. Malgré tout, la série possède de petites perles de narrations, le meilleur exemple étant le final de la saison 1 qui était juste incroyable, permettant à Kiniro Mosaic d’être un peu plus qu’une série bêtement moe mais sans réussir à s’en éloigner suffisamment. Faute essentiellement à sa seconde saison qui, malgré une excellente Karen, n’a pas su rester au niveau de la première.

Divertissement
En terme de divertissement pur, Non Non Biyori possède sa petite magie comme vu plus haut. Sans partir dans des histoires complètement folles, la série sait parfaitement divertir son spectateur. Cette réussite se comprend par de nombreuses qualités, notamment dans l’écriture des épisodes, qui se montre terriblement efficace. Majoritairement, chacun sera divisé en trois séquences ou en deux grosses qui se diviseront chacune en deux sous-parties. Ainsi, la série n’est jamais ennuyeuse en variant constamment son modèle narratif. Et surtout, la moindre idée ne sera jamais surexploitée de manière abusive.
L’ambiance que pose l’anime via ses décors et sa soundtrack (magnifique, également au niveau des opening) installe confortablement son spectateur qui ne peut donc faire qu’une chose : se détendre. Les dialogues ne sont jamais surchargés, jamais excessivement rapides (hors situation de panique ce qui est assez rare) et les plans se succèdent paisiblement. Avec cette recette, chaque épisode devient alors 25 minutes de pure détente où votre cerveau peut paisiblement se reposer. Et sans non plus s’éteindre. Parce que jamais la série n’est stupide. C’est sans doute là sa véritable force d’ailleurs.

Kiniro Mosaic est, malgré tout, un divertissement assez honnête. Malgré des épisodes peu originaux en terme d’histoires, la série arrive à tenir éveillé le spectateur la plupart du temps. Tout d’abord parce qu’elle varie agréablement entre ses multiples personnages et enchaîne longues et courtes séquences humoristiques. Si certains running gags sentent le réchauffé, surtout le fanatisme de Shinobu pour les blondes, d’autres sont toujours appréciables tel que la grande Aya, toujours irrésistible quand il s’agit de faire la tsundere de manière totalement exagérée. Et surtout, c’est bien Karen qui, encore une fois, permet à chaque épisode de divertir un minimum. Peu importe ce qu’elle fait, cela sera fait de manière assez excentrique pour rendre le tout hilarant.
Et sans une qualité d’écriture aussi excellente que chez d’autres, Kiniro Mosaic arrive tout de même à amuser son spectateur et à le divertir. Mais au prix parfois d’un petit retrait du cerveau, par contre.

Vainqueur : Non Non Biyori
Il faut tout d’abord qu’une chose soit claire : la victoire de Non Non Biyori est sans appel mais pas écrasante pour autant. Face à lui, Kiniro Mosaic proposait des choses sympathiques, essentiellement à trouver chez ses personnages qui sont malgré tout très sympathiques.
Seulement, tout ce que fait Kiniro Mosaic, Non Non Biyori le fait aussi. Mais en mieux. L’histoire est (beaucoup) mieux écrite, les personnages également et l’animation écrase totalement son adversaire sur ce point là. Malgré cela, la défaite de l’anime à blondes peut paraitre étrange tant il peut être apprécié (et par moi en premier, étant un fanboy assumé de Karen). Et cela s’explique ici par le moe. Si Kiniro Mosaic et surtout Karen arrivent à être autant appréciés, c’est presque uniquement grâce au moe. Pour compenser des gags pas toujours drôles ou répétitifs, la série utilisera des expressions mignonnes et autres subterfuges. Alors que Non Non Biyori se reposera sur une qualité d’écriture et de réalisation omniprésente.
L’appellation de moeshit pourrait être utilisée de ce fait sur notre perdant mais cela resterait sévère. Sans être excellente, la série est loin d’être mauvaise car ses personnages sont justement très appréciables. Elle tente même quelques développements autour des échanges de cultures et de l’éloignement (entre Alice et Shinobu). Ces éléments, certes mineurs dans la série, ont le mérite d’exister et d’apporter un minimum de profondeur à l’histoire.
Mais Non Non Biyori reste clairement au dessus. Le soin apporté à la narration, parfaitement équilibrée, et à l’écriture des personnages en fait une série de premier ordre. Même en terme de réalisation pure avec ses magnifiques décors. Alors que Kiniro Mosaic utilise le moe pour pallier ses faiblesses comme certains mangas abusent de fanservice pour cacher un scénario inexistant, son adversaire joue franc jeu. Notre gagnant campagnard arrive à poser une réelle ambiance, à développer ses personnages et leurs relations avec un fond de propos sur l’enfance et toute la thématique qui l’accompagne. Le tout en restant parfaitement divertissant et drôle. Le moe est pourtant présent dans l’anime, essentiellement avec Hotaru et Komari. Cependant, la série ne se contente pas de cela et va plus loin, beaucoup plus loin pour se forger une réelle qualité. Et c’est en cela que cette victoire est irrévocable.

À voir :
Non Non Biyori et Kiniro Mosaic sur Crunchyroll


  1. Moralité de l’histoire : toujours privilégier le manga d’un gros shonen et ne jamais voir l’anime. 
  2. Qui est aussi une forme de fanservice mais le propos de l’article n’est pas là. 
  3. Oui, c’est clairement plus complexe que ça. Tellement que ça serait trop long à aborder ici où je me limite donc au moe « mignon ». 
  4. La gérante du magasin de bonbons. 

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