Ma lecture de Doughnuts Under a Crescent Moon s’est entamée avec un certain enthousiasme. Parce que le manga m’avait été chaudement recommandé par l’ami Yam, déjà. Mais aussi parce que je ressortais d’une autre série de Shio Usui à ce moment-là, avec les deux premiers tomes de Mariée à ma meilleure amie, disponible chez Meian1. Un titre déjà interessant sur la vie de couple et la manière dont on peut appréhender le sentiment amoureux.

Avec Doughnuts Under a Crescent Moon, l’autrice vient encore interroger la nature de ce sentiment au travers d’une héroïne qui ne parvient pas à le cerner. Hinako Uno met pourtant toute sa bonne volonté pour se trouver un partenaire en multipliant les rencontres et les rencards. Mais rien n’y fait, et son incapacité à ressentir de l’amour, ni même de l’attirance, lui suscite un profond dégout d’elle-même. Et, un soir où elle était accablée par sa situation, elle croise par hasard sa collègue de bureau Asahi Sato, accompagnée d’une boite de donuts. Une rencontre inopinée qui va rapprocher les deux jeunes femmes via une amitié profonde, si ce n’est plus.

En seulement quatre tomes, Shio Usui nous fait passer par bien des émotions en compagnie de ses deux héroïnes. La solitude et le mal-être de Hinako sont particulièrement touchants. Il y a son malaise à devoir décliner en boucle des hommes tout à fait respectables, mais dont elle est simplement incapable d’éprouver la moindre attirance. La pression sociale, également, est transcrite ici dans ce qu’elle a de plus passivement lourde. Ses amies et ses collègues, sa famille, des connaissances ne lui font pas de cadeau sans le savoir.

Le titre n’est pas très drôle, mais possède tout de même cette légèreté touchante de personnage en galère qui font de leur mieux pour améliorer leur vie. Cela inclut une meilleure compréhension et acceptation de soi, même si cela n’est pas toujours bien compris par notre entourage. La relation houleuse de Hinako avec sa mère est, par ailleurs, une excellente représentation de ce genre de difficulté. Le manga parvient à brasser de manière assez complète de nombreux sujets purement féminins et queers, jusqu’à toucher du doigt la question de l’asexualité.

Le récit est accompagné des pensées des personnages venant documenter leurs réflexions. Un aspect introspectif qui permet de bien saisir les émotions et les tourments qui les traversent dans leur quête personnelle. J’ai pu plutôt bien me retrouver dans le personnage de Hinako, de ce fait. Et, si c’est probablement pour cette raison que je parle surtout d’elle, sa collègue Asahi traverse aussi ses propres tracas existentiels.

Tout cela est bien ambitieux et pourtant, l’autrice le raconte avec une lucidité admirable. Elle parvient à intégrer le tout dans une tranche de vie somme toute classique sur la forme, mais – vous l’aurez compris – passionnante dans le fond. J’apprécie beaucoup l’énergie ultra-positive de la petite sœur d’Asahi sans que le manga aurait été franchement plus terne sans elle. Visuellement, le manga est certes modeste dans le dessin (je trouve notamment l’autrice un peu limitée dans ses chara design), mais il y a une vraie force émotionnelle dans la mise en page pour transcrire le mal-être de ses personnages.

Une bien belle lecture dont on ne peut accéder qu’à l’édition américaine pour le moment. Mais, puisque Meian sort déjà un autre manga de l’autrice, et vu les thématiques, j’ai plutôt bon espoir de voir un éditeur français nous l’amener dans les années à venir. En attendant, je me joins à la recommandation initiale en vous souhaitant de le lire, accompagné de délicieux donuts2.


  1. Et dont on attend toujours la suite, mais comme toujours le planning de l’éditeur est toujours assez flou concernant ses yuri. ↩︎
  2. Ou avec une autre pâtisserie parce que bon les donuts c’est un peu claqués en vrai, non ? (N’hésitez pas à en débattre en commentaire pour défendre l’honneur des donuts ou les enterrer car c’est vraiment le sujet important de cet article) ↩︎


2 réponses à “Doughnuts Under a Crescent Moon”

  1. Avatar de Un Amour de Yuri
    Un Amour de Yuri

    Je tiens à soutenir les doughnuts (qui ne sont pas du tout claqués au sol – juste excessivement sucré et gras mais c’est ce qui fait leur charme).

    Et super article, je suis d’accord avec tout. J’adore cette mangaka et particulièrement ce titre que je trouve extrêmement réussi malgré sa simplicité apparente.

    1. Merci, ça fait super plaisir ! Il faut que je continue d’explorer ses autres titres, notamment son anthologie pour laquelle je suis très curieux (et la suite de Mariée à ma meilleure amie quand Meian voudra bien la sortir lol).

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