Pour être déçu, il faut d’abord avoir des attentes. C’est ce que m’avait donné 16Bit dans un premier temps.
Narrant les péripéties temporelles d’une jeune illustratrice à la ramasse, la série se présente d’abord en tripe rétro-nostalgique assumé et teinté d’une affection sincère pour l’époque qu’il véhicule (le milieu otaku des années 90). Les allers-retours temporels de sa protagoniste ne font guère de sens, mais ce n’est pas bien grave. On est là pour le plaisir des chocs de génération, la redécouverte des techniques de l’époque pour concevoir du jeu vidéo avec des technologies d’un autre âge.





Malheureusement, ça ne dure pas. Et son héroïne (joyeusement doublée par Aoi Koga) est rattrapée par des ambitions scénaristiques trop grandes. Le besoin de sauver le monde des otakus des déboires du voyage temporel amène avec lui l’envie de parler d’un paquet de sujets pas inintéressants, mais traités ici de manière beaucoup trop brouillonne pour être un tant soit peu intéressante. Pourtant, la série semble interroger les bonnes choses : qu’est-ce qui fait un bon jeu ? Quelle est la place de l’artiste dans le processus créatif face à des logiques industrielles ? Comment vivre les évolutions inévitables d’une culture confrontée à la mondialisation et aux évolutions technologiques ? Il y avait par exemple tout un propos sur l’usage de l’IA dans la création artistique ou la manière de régurgiter en permanence des mêmes recettes à succès intéressantes à développer.
La sincérité de la démarche de 16bits ne fait guère de doutes à mes yeux, provenant à l’origine du circuit des productions amateurs et portant un récit original pour son anime (le personnage de Konoha est ainsi inédit à celui-ci, tout comme toute son intrigue de voyage temporel). On retiendra surtout une tentative plutôt vaine, parfois naïve mais souvent très lucide de son propre milieu.


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